• Enseignant et désobéissant - par Alain REFALO ( Libération)

    «La désobéissance n’est pas compatible avec les valeurs de l’éducation, avec l’idée que je me fais du métier d’enseignant», a déclaré récemment Luc Chatel. Cette déclaration, qui a l’apparence de l’évidence, mérite réflexion.


     
    Certes, l’obéissance aux lois et aux règles qui fondent le droit et la justice est nécessaire dans toute société démocratique. Et nous avons à cœur, tout particulièrement à l’école primaire, d’élaborer avec nos élèves des lois et des règles, justes, équitables et utiles au vivre ensemble. Apprendre à nos élèves à les respecter s’inscrit dans un projet éducatif qui prend en compte la dimension relationnelle inhérente à toute situation d’enseignement. Mais vouloir «inculquer» l’obéissance, c’est rendre acceptable la soumission inconditionnelle, c’est inciter à renoncer à tout jugement personnel. Est-ce compatible avec la formation d’individus responsables ? Nous ne le pensons pas.

     
    Comment apprendre aux enfants à dire «non» lors de situations de racket, ou lorsqu’ils font face à des intentions malveillantes d’adultes, s’ils grandissent dans une culture de l’obéissance sans discernement ?

     
    Il semble en réalité que M. Chatel confonde deux notions qu’il convient de distinguer : l’autorité, nécessaire à tout enseignement et l’autoritarisme, abus de pouvoir contraire au principe même de l’éducation. A l’école, l’autorité éducative est fondée sur une parole et une attitude du maître, respectueuses de l’élève, qui doivent notamment lui faire comprendre le bien fondé de l’obéissance aux règles de vie communes. Elle est une alternative à la permissivité et à l’autoritarisme. Cette autorité de l’adulte, nécessaire à la structuration de la personnalité de l’enfant, ne saurait donc résulter d’un rapport de domination-soumission entre l’adulte et l’enfant, qui est la marque de l’autoritarisme. Le maître qui abuse du pouvoir que lui confère son statut utilise la contrainte pour obliger l’élève à obéir. Il fait le choix de la punition (du latin punire, «se venger»), et non de la sanction éducative qui vise à responsabiliser l’enfant et lui permettre d’être accepté par le groupe.



    La suite ici: http://www.liberation.fr/societe/0101588351-enseignant-et-desobeissant 

    Tags Tags : , , , ,