• « Il faut oser lever le voile sur une tradition de concours basée sur une même épreuve pour tous » - Filâtre ( Educpro)

    La réforme de la formation des maîtres devrait encore faire des vagues à la rentrée 2009. Les premiers textes sortis cet été installent la mastérisation dans le paysage et des groupes de travail se réunissent en septembre pour régler les dernières questions en suspens. Démissionnaire de la commission de concertation qu’il présidait avec le recteur Marois, Daniel Filâtre, président de Toulouse 2, entend défendre la place des universités dans le dernier round de la mise en place de cette réforme toujours prévue pour la rentrée 2010.

    Qu’est-ce qui est réglé pour l’instant dans la réforme de la mastérisation et qu’est-ce qui reste en suspens ?

    Le niveau master exigé pour passer les concours est acquis et acte la mastérisation du recrutement en positionnant le concours en deuxième année de master (M2). Ce choix écarte notre proposition de placer l’admissibilité des concours en fin de M1 pour libérer les étudiants en M2 et leur permettre ainsi de préparer l’admission. Mais finalement, ce qui est déterminant ce n’est pas la place des concours, c’est surtout de repenser le lien entre les concours et la formation ainsi que l’orientation/réorientation des 240 000 étudiants qui s’inscrivent aux concours. Jusqu’à maintenant, on passait le diplôme puis ensuite les concours. On passe de ce modèle séquentiel à un modèle intégré. 


    Comment souhaitez-vous réformer les concours de l’enseignement par rapport à ce modèle intégré ?

    Jusqu’à maintenant, on formait aux savoirs académiques avant de former aux compétences professionnelles dans les IUFM. Aujourd’hui, savoirs académiques et professionnels doivent se mener de front et on propose des blocs de compétences intégrées. En effet, avec la concomitance entre la formation et les concours pendant le M2, il est impossible de préparer les épreuves du concours et celles du master en même temps. Il faut aménager les épreuves du concours avec des épreuves composites. En soi, c’est une révolution de repenser des épreuves validées en master, qui ne soient pas repassées lors du concours. On doit distinguer ce qui relève de l’inspection générale (qui sélectionne) de ce qui relève de l’université (qui forme) avec le master. L’Inspection générale allait dans ce sens en juillet. Pour éviter de re-sélectionner, l’Education nationale et l’Enseignement supérieur doivent travailler en commun. Il faut oser lever le voile d’une tradition de concours basée sur une même épreuve pour tous en diversifiant les épreuves selon la situation des étudiants, selon par exemple qu’ils sont en M2 ou non. 


    Le dialogue difficile entre Education nationale et Enseignement supérieur n’était-il pas la clé des problèmes l’année dernière dans la mise en place de cette réforme ?

    Nous partagions les ambitions initiales de la réforme, mais elle a été menée avec précipitation. Faute de temps, les enseignants ne pouvaient penser en même temps les maquettes de master et les nouveaux concours la même année. Par ailleurs, notre décision de quitter la commission était aussi fondée sur le constat que les ambitions étaient davantage économiques que pédagogiques avec la suppression de l’année des fonctionnaires-stagiaires. En décidant de placer les concours après la formation, l’Education nationale n’a pas su rencontrer l’Université et l’Enseignement supérieur. De plus, les syndicats du supérieur ne sont pas les interlocuteurs traditionnels de l’Education nationale habitués aux syndicats du secondaire. La coopération entre les deux ministères est nécessaire. Nous proposons que les groupes de travail selon les types de concours (Capes, Cape, CPE et Agreg) qui doivent se réunir pour poursuivre la réflexion soient constitués à parité de personnes du scolaire et du supérieur. Les universités ne sont pas des opérateurs de la réforme mais des coproducteurs avec une vision de la réforme et elles en revendiquent la responsabilité. Ce n’est plus pareil que lorsque les IUFM et les concours étaient hors de l’université.   


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