• A la mi-janvier, le Cnrs devrait se trouver dirigé par une nouvelle équipe. Logique : les mandats de Catherine Bréchignac, sa présidente, et d'Arnold Migus, son directeur général, viennent à échéance. Mais d'autres postes sont aussi à renouveler. Le secrétaire général, Alain Resplandy-Bernard, quitte le Cnrs en février 2010. Et Michel Spiro, le directeur de l'IN2P3 (la physique nucléaire et des particules) va se consacrer à son mandat de président du Cern.


    Tous ces changements vont s'accompagner d'une modification de la gouvernance de l'organisme de recherche. Le décret du 1er novembre a en effet confié au futur président la direction générale du Cnrs, mettant ainsi fin au bi-céphalisme. Ce président devrait être assisté de directeurs généraux délégués, dont l'un à l'administration - ce poste remplace celui de secrétaire général - et un à la recherche. Au delà des questions de personnes, il est clair que l'an neuf ne sera pas seulement un jeu de chaises musicales au Cnrs, dont la relative autonomie vis à vis du pouvoir politique continue d'agacer.

    Les rumeurs se multiplient sur les possibles impétrants au poste de PDG. Et les conséquences d'un choix gouvernemental, qui ne sera pas fait à l'issue d'un appel à candidatures examiné par un comité de sélection, mais à la suite de discussion de cabinet entre la rue Descartes, Matignon et l'Elysée... comme d'habitude.


    La suite ici: http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2009/12/cnrs-nouvelle-direction-pour-lan-neuf-.html 

  • La ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, déclare qu'elle souhaite instituer la gratuité des concours des grandes écoles pour les étudiants boursiers, où leur faible nombre fait débat.

    Elle a rappelé l'objectif gouvernemental de porter à 30% d'ici 2012 la part des étudiants boursiers dans ces écoles, mais a souligné que cela ne devait pas passer par l'instauration de quotas.

    "Il faut lever toute une série de verrous (...) qui empêchent des jeunes intelligents, travailleurs, bosseurs, avec du talent, d'oser les grandes écoles", a-t-elle expliqué sur RTL, ajoutant que le premier verrou est "financier".

    "Je souhaite que dès cette année nous travaillions avec les grandes écoles à la question du coût de l'inscription aux concours parce que ça coûte très cher, parfois 500 ou 600 euros uniquement pour passer le concours", a souligné la ministre.

    La gratuité sera d'abord envisagée avec les écoles sous tutelle de l'Etat, comme Normale Sup ou Polytechnique, a-t-elle ajouté, mais elle devra s'étendre à tous les établissements.

    "Nous avons la volonté de le faire dès juin 2010 (...) et l'Etat est prêt à y mettre les moyens", a dit Valérie Pécresse.

    Elle a refusé de minimiser l'impact de cette mesure qui porterait sur une faible partie du coût des études.


    la suite ici: http://www.lepoint.fr/actualites/2010-01-07/pecresse-prone-la-gratuite-des-concours-pour-les-boursiers/1037/0/411205 

  • Faute de ne pas avoir combattu la ségrégation sociale, le gouvernement veut imposer des quotas d'étudiants boursiers dans les grandes écoles.

    Le gouvernement aimerait que les grandes écoles françaises intègrent 30% d'étudiants boursiers pour favoriser la mobilité sociale. Les termes du débat, maintes fois exposés par des dizaines de livres et de rapports, sont connus et tout simplement accablants. La partie de l'enseignement supérieur français, composé de ce que l'on appelle les «grandes écoles», que l'on intègre sur concours souvent après une ou deux années de préparation généralement payantes, est devenue (malgré une sélection sensée être uniquement pédagogique) le principal vecteur de la reproduction de ce que l'on appelle abusivement «les élites» (et que l'on devrait plutôt appeler «les privilégiés»).

    Cette reproduction sociale renforce les disparités, les amplifie et cloue l'ascenseur du même nom au troisième sous-sol de la république égalitaire.

    Le constat est là, il est maintenant général et personne n'ose plus faire une autre lecture de la situation. Donc, il faut faire quelque chose. La solution des quotas de boursiers paraît être la plus simple, la plus juste et la plus rapidement efficace.

    Mais les représentants de la conférence des grandes écoles n'en veulent pas: ils viennent même d'écrire au ministre de l'Education pour protester, au motif que, selon eux, ce système va les forcer à modifier les conditions d'admission et entraîner fatalement une baisse du niveau général de l'enseignement dans leurs établissements. C'est, quand on y pense, un argument assez faible parce que chacun sait que ce ne sont pas les meilleurs élèves ou les plus méritants qui intègrent ces écoles mais les meilleurs et les plus méritants des couches aisées tout simplement. Si on mettait en place un système permettant de sélectionner les meilleurs et les plus méritants de l'ensemble de la société, il n'y aurait aucune raison que le niveau baisse!

    Est-ce que ce projet entre dans le cadre de ce que l'on a appelé la discrimination positive?

    Pendant la campagne, Nicolas Sarkozy parlait aussi effectivement de discrimination positive mais il y mettait des critères ethniques. Et c'était plutôt dans le cadre d'une politique de nomination ou de recrutement qui devait favoriser la diversité dans les sphères de décision. Sauf que ce n'était tout simplement pas praticable puisque la France ne reconnaît pas les races et ne distingue pas les origines. Ça n'était donc pas faisable, sauf à bouleverser quelques principes fondateurs de la République. Cela a d'ailleurs été abandonné.




    La suite ici: http://www.slate.fr/story/15285/sans-plan-marshall-pour-les-banlieues-point-de-mixite-sociale-dans-les-grandes-ecoles 

  • Le système fonctionne comme un impitoyable entonnoir au service des enfants des couches intellectualisées - Par Monique Dagnaud.

    Le gouvernement entend imposer des quotas d'étudiants boursiers dans les «grandes écoles» et se heurtent à une forte opposition de ces institutions. Les «grandes écoles», spécificité du système français d'éducation supérieur, qui seraient aujourd'hui le principal vecteur de la reproduction des élites et du blocage de l'ascenseur social, n'entendent pas pourtant changer de modèle.

    Nous republions à l'occasion de ce débat un article, mis en ligne en mars 2009, de Monique Dagnaud sociologue et directrice de recherche au CNRS, sur le désarroi de la jeunesse française face à l'absence de toute ouverture de son système d'éducation et notamment de la filière classes préparatoires-grandes écoles.
    ***

    Au pays de Voltaire, les principes autour de l'éducation exsudent de générosité. «Sois toi-même, développe tes potentialités» dit le parent aimant à sa progéniture. Dans l'acheminement vers l'âge adulte, cette incitation revient à valoriser l'expérimentation, le libre arbitre, la construction de sa propre subjectivité, et non comme autrefois l'identification aux modèles parentaux. Etre l'entrepreneur de sa propre vie, l'enfant est bercé par cette rengaine... qui se met en sourdine lors de l'entrée dans la grande école.

    Cette dernière pose un autre impératif. L'excellence scolaire est inscrite comme la voie royale pour l'accès à une position dans la société, pour la promotion sociale, et même pour l'épanouissement individuel. Hors de l'école, peu de salut: les places dans la société se distribuent presque irrémédiablement en fonction du niveau atteint, et de la filière scolaire dans laquelle chacun s'est engouffré pendant les vingt premières années de sa vie.

    A vingt ans les dés sont jetés. La promotion au mérite dans l'entreprise, à la débrouillardise, le «yes we can» («Oui, nous pouvons») de l'optimisme américain sont réservés à ceux qui vraiment n'ont pas pu faire autrement : et de toute façon ils n'iront guère haut dans l'échelle sociale. Enfin, ne pas avoir de diplôme du tout constitue aujourd'hui une calamité, un handicap infiniment plus pénalisant qu'autrefois, quand c'était le lot de l'écrasante majorité des jeunes, et quand nombre de secteurs employaient facilement de la main d'œuvre sans requérir ce fameux sésame.

    La précocité dans la réussite scolaire, enfin, se révèle un paramètre décisif, quoique d'une bienséante discrétion. Sous la bannière fleurie de la méritocratie républicaine, la distribution des cartes s'opère de manière précoce par une sélection via les filières et les établissements d'excellence. Dans l'école républicaine, mieux vaut avoir un an d' avance même avec des résultats moyens qu'être «en retard» avec des notes brillantes.

    Cette sélection très en amont, cette prime donnée à l'avance en âge, c'est la martingale des enfants de la bourgeoisie, puis qu'elle revient à potentialiser les atouts culturels du milieu familial. Le système fonctionne comme un impitoyable entonnoir au service des enfants des couches intellectualisées : alors que les cadres et professions intellectuelles ne représentent que 11% de la population française, leurs enfants représentent 30% des étudiants du supérieur et plus de la moitié des classes préparatoires. L'ouverture des grandes écoles aux enfants d'origine populaire, déjà fort étroite, s'est encore raréfiée -au point que plusieurs d'entre elles ont du recourir à des mécanismes de discrimination positive qui, timidement, corrigent le tir.

    Le système d'enseignement est organisé pour sélectionner une petite élite, dont la plupart des membres seront passés par la filière des classes préparatoires: soit environ 5% d'une classe d'âge. Ceux-ci trouveront (presque) à coup sûr une place dans une plus ou moins grande école et pourront réaliser leur rêve car, en France, un diplôme d'une école prestigieuse ouvre toutes les portes, y compris dans les secteurs professionnels qui ne sont pas liés au diplôme d'origine (par exemple les industries de l'image ou l'humanitaire).



    La suite ici: http://www.slate.fr/story/2183/les-racines-du-desarroi-de-la-jeunesse 

  • L'Unef, première organisation étudiante, a appelé mercredi le gouvernement à ouvrir "un débat national sur la place et le rôle des grandes écoles dans notre système d'enseignement supérieur", après la polémique sur l'accueil de 30% d'étudiants boursiers en leur sein.

    "La partition historique de l'enseignement supérieur français entre grandes écoles sélectives qui fonctionnent en vase clos et les universités est en elle-même facteur de reproduction sociale", déplore l'Unef, jugeant "le temps venu de réformer en profondeur le mode de formation des élites en France".
    "Cette situation conduit les élites à se reproduire entre elles à l'écart de l'université et de la recherche. L'Unef demande la fin du monopole de fait des grandes écoles pour la formation d'excellence dans certains secteurs (gestion, administration, ingénieurs) et l'intégration de ces formations au sein des universités. La revalorisation de l'université est à ce prix", ajoute-t-elle.




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