• Sauver l’université, vite! Segolène Royal

    u vent de révolte qui balaye le monde universitaire, on retiendra peut-être d’abord un symbole : la réhabilitation ironique, jubilatoire et nécessaire de la Princesse de Clèves, livre de ralliement des humanités en danger, devenu le fer de lance d’une certaine idée de la culture, gratuite et abstraite du court terme. Mais au-delà, le front inédit qui s’est constitué, de la droite à la gauche, sonne le glas d’un mode de gouvernement injuste et inefficace. L’alliance du mépris et de l’incompréhension aura été à l’origine d’un conflit dont tout montre qu’il aurait pu, comme bien d’autres, être évité. Car s’il y a un côté pile de l’enseignement supérieur et de la recherche en France (des étudiants de plus en plus mobiles, une attractivité réelle, liée au succès de filières de formation internationalement reconnues, des prix prestigieux remis à des équipes à la pointe de leur discipline), tout le monde admet aussi l’existence d’un côté face : une France classée loin derrière les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou les pays scandinaves dans les classements internationaux, des moyens inadaptés à l’ambition affichée, une profonde dissémination des options et des cursus, un échec massif en premier cycle.

    Oui, le besoin de réformes est d’autant plus grand que des études récentes, notamment celle réalisée par Philippe Aghion pour l’institut Bruegel, confirment le lien entre enseignement supérieur et recherche d’un côté, croissance et innovation de l’autre. Tout montre que trois conditions sont nécessaires pour assurer de bonnes performances universitaires : des moyens financiers adéquats ; une gouvernance conçue autour d’universités autonomes et disposant de la liberté de choisir leurs enseignants ; un système de bourses pour encourager les meilleurs projets. Ce diagnostic est aujourd’hui largement partagé. Enseignants-chercheurs, professeurs et maîtres de conférences, étudiants et parents, personnel administratif des universités : tous sont lucides sur les forces et les carences de notre système supérieur, tous aspirent à des réformes justes et nécessaires. Mais ils attendent pour cela de l’impartialité dans les diagnostics, du respect dans le dialogue, de la justice dans les décisions. Par-dessus tout, ils souhaitent que le savoir et la recherche soient reconnus comme des biens publics, dégagés des contraintes du monde de l’entreprise.

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