• Sciences-Po: une vertigineuse course aux financements - Mediapart

    Cérémonie de remise des diplômes de Sciences-Po, juillet 2009. «Don't ask what Sciences-Po can do for you, but what you can do for Sciences-Po!» : c'est Stéphane Rambosson, le président des alumni (prononcer « alumnaï »), les anciens élèves de Londres, qui parle. Face à lui, les étudiants de 5e année tout juste diplômés. Pas encore sortis de la rue Saint-Guillaume, et déjà incités à contribuer financièrement à leur école.
     
    Sciences-Po a besoin d'argent. Sa politique de développement a un coût que les subventions publiques, les frais d'inscription et les mécénats privés ne parviennent pas toujours à couvrir. En 2008, son déficit atteint 500.000 euros. C'est peu sur un budget global de 110 millions d'euros. Mais c'est le signe de la tension que subissent les comptes de l'établissement sous le poids de la dette contractée en 2005 pour acheter les anciens locaux de l'ENA, et étendre la superficie d'une école au bord de l'explosion.
    L'équilibre est précaire. En février 2009, Richard Descoings explique au conseil d'administration qu'un excédent de 900.000 euros est indispensable en 2008 pour rembourser l'emprunt de 45 millions d'euros. « On a eu un déséquilibre l'année dernière mais on sera en suréquilibre cette année, entre 500.000 et 1 million d'euros », explique juste avant de démissionner, Laurent Bigorgne, ex-futur directeur des services généraux et de l'immobilier. « Notre ratio d'endettement est très faible, l'agence de notation Fitch nous a classé A+ », rassure Nadia Marik, directrice de la stratégie et du développement.
    Pourtant « on a des consignes d'économies », décrit une bibliothécaire. « Chacun doit trouver de l'argent », raconte un directeur de master. L'ancien hôtel particulier des Ponts et Chaussées, rue des Saint-Pères, où se sont installés salles de conférences, Medialab et direction de l'IEP, n'a pas pu être acheté, trop cher. C'est finalement un contrat de location qui a été signé avec les propriétaires, à 350 euros le m2, un prix défiant toute concurrence, mais en échange de gros frais de travaux – entre 20 et 25 millions d'euros. Sciences-Po aura-t-il un jour les moyens de les conduire ? La réhabilitation de l'immeuble René-Rémond, les anciens locaux de l'ENA, a dû s'interrompre, faute de moyens. En juillet 2008, l'agence de notation Fitch Ratings assortit la bonne note décernée à Sciences-Po de critiques sur sa fragilité financière et son manque de flexibilité budgétaire.
     
    L'Etat reste le premier contributeur financier de Sciences-Po : à hauteur de 55 millions d'euros dans le budget prévisionnel 2009. C'est sa dotation qui permet de payer salaires et frais immobiliers. L'Etat représente même 58% du budget de l'IEP, selon les calculs d'Arnaud Bontemps de l'Unef Sciences-Po, en prenant en compte les salaires versés aux profs. Les collectivités locales investissent aussi dans l'école. « On est en gros financé entre 70 et 75% par des fonds publics », explique Nadia Marik. La dépendance de la rue Saint-Guillaume vis-à-vis des subsides publics reste donc très forte. Pourtant Richard Descoings aime à dire que l'Etat ne finance que la moitié du budget de son école.

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