• Vingt-neuf personnalités lancent un appel pour "refonder l'université"

    Vingt-neuf personnalités du monde universitaire lancent un appel pour "refonder l'université". Les signataires sont des noms prestigieux, issus de tous les horizons politiques et de toutes les disciplines, allant du philosophe Marcel Gauchet au juriste Guy Carcassonne, en passant par le mathématicien Jean-Pierre Demailly, le professeur de sociologie François Dubet ou le philosophe Bruno Karsenty. Une partie d'entre eux avait déjà signé un texte dans Le Monde en janvier ("Université pas de normalisation par le bas").

     

     

     
    Alors que les positions de ces personnalités ont divergé sur la loi sur l'autonomie des universités, dite LRU, toutes souhaitent mobiliser d'une même voix la communauté universitaire et scientifique autour d'un texte qui ambitionne de refonder l'université.

     

    Un signal fort du fait de la personnalité des signataires, mais aussi par sa tonalité résolument réformatrice. Les quatre pages partent du constat du déclin de notre université et de l'urgence qu'il y a à proposer une véritable refondation, émergeant du monde universitaire lui-même. Une solution qui passe bel et bien par l'autonomie des universités.

    Au rang des propositions, les signataires veulent en finir avec "la concurrence déloyale" que subit cette institution, délaissée par les meilleurs bacheliers au profit des classes préparatoires aux grandes écoles et les autres classes sélectives de l'enseignement supérieur. Ils proposent de réunir ces formations au sein d'"un grand service public propédeutique".

    S'ils ne remettent pas en cause le droit de tous les bacheliers à s'inscrire à l'université, ils proposent un parcours en quatre années pour les plus fragiles et un fléchage plus efficace permettant d'en finir avec le taux d'échec dans les premiers années d'enseignement supérieur.

    Le texte ouvre aussi le débat sur "un capital minimum de départ attribué à chaque étudiant" afin d'enrayer la paupérisation et la dégradation de leur situation matérielle et propose une sélection à l'entrée en première année de master, comme chez nos voisins.


    Réfonder l'université française

    Il est désormais évident que l'Université française n'est plus seulement en crise. Elle est, pour nombre de ses composantes, à peu près à l'agonie.

    Qu'on comprenne bien ce que cela signifie. L'Université n'est pas tout l'enseignement supérieur français. Les classes préparatoires, celles de BTS, les IUT (lesquels font formellement partie des universités), et l'ensemble des petites, moyennes ou grandes écoles, publiques ou privées recrutent largement. Mais c'est au détriment des formations universitaires, que les étudiants désertent de plus en plus, et cela tout particulièrement pour les études scientifiques.

    Le secteur non universitaire de l'enseignement supérieur offre des formations techniques et professionnelles, parfois de qualité, mais parfois aussi très médiocres. Même si la situation évolue depuis quelques années pour sa fraction supérieure (les "grandes écoles"), ce secteur n'a pas vocation à développer la recherche et à donner des outils de culture et de pensée, et guère les moyens humains et scientifiques de le faire.

    La suite ici: http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/05/14/vingt-neuf-personnalites-lancent-un-appel-pour-refonder-l-universite_1193150_3224.html