Dans Le Monde du 2 octobre, Alain Renaut, professeur de philosophie à Paris-IV, entonne un hymne à la professionnalisation des enseignements universitaires.
Nous connaissons ce tube ministériel, qui rebondit de gauche à droite depuis l'époque de Claude Allègre jusqu'à celle de Valérie Pécresse. M. Renaut n'y ajoute pas grand-chose : il affirme que l'université doit dispenser une formation professionnelle, mais il se garde bien de nous expliquer en quoi consisteront ses cours, le jour où la professionnalisation sera réalisée. Abandonnera-t-il l'exégèse de Kant pour s'adonner aux techniques de la communication d'entreprise ? Ce serait très regrettable, et pour ses étudiants, qu'il sait introduire dans l'univers des philosophes, et pour la communication d'entreprise, qu'il ne connaît guère.
Quand on parle de professionnalisation, il faudrait être clair et faire d'emblée quelques distinctions. La confusion règne, d'abord et avant tout dans le décret sur le statut des enseignants-chercheurs, qui attribue aux professeurs la tâche de l'insertion professionnelle de leurs étudiants, alors que cette tâche ne peut reposer que sur l'institution.
Il n'appartient pas à un professeur d'aider ses étudiants à chercher un travail après leurs études. Cette fonction de soutien des étudiants diplômés doit être attribuée à des services ad hoc, qu'il convient de créer dans chaque université. Et il ne faut pas confondre une politique d'aide aux étudiants au moment de leur accès au marché du travail, avec une politique de professionnalisation des enseignements.