Mercredi soir, j'ai assisté au premier d'une série de séminaires de l'EHESS - Ecole des hautes études en sciences sociales - consacré au mouvement de protestation universitaire de l'an dernier.
L'amphi de l'EHESS, boulevard Raspail, était plein, avec une tribune composée de Jean-Louis Fournel (porte parole de SLU lors du mouvement), Pauline Delage (syndicaliste étudiante, SUD), Luc Boltanski (sociologue), Isabelle This (Sauvons la Recherche) et Marcel Gauchet (historien et philosophe).
Son objectif principal ? Il peut se résumer par l'une des phrases introductive de l'historien Robert Descimon «nous avons du mal à théoriser notre propre action dans des termes acceptables au plan scientifiques». Une manière polie de réclamer un effort de franchise, de vérité et de capacité à dépasser les postures utiles lors des épisodes de confrontation avec un gouvernement pour favoriser l'analyse lucide de la situation. Il fut plutôt entendu lors des interventions des invités du séminaires, dont je donne ici, à l'aide de quelques notes prises à la volée, une première impression. Ces interventions devraient être mise par écrit et sur le net, sur le site consacré à ces séminaires.
Jean-Louis Fournel a ouvert le bal avec une analyse personnelle de «l'échec» de ce mouvement - même s'il nuance cet avis. Il pose trois questions : pourquoi le débat contradictoire entre partisans, opposés et indifférents aux réformes n'a t-il pas précédé ces dernières; pourquoi le mouvement de protestation a t-il échoué; comment traduire au plan politique ce débat qui doit continuer ?
L'absence de débat contradictoire préalable à la réforme lui semble découler d'un abandon par la gauche de gouvernement, et singulièrement du PS de la réflexion sur le rôle de l'enseignement supérieur et la recherche dans la société. Parlant de «responsabilité écrasante du PS», il lance :«pourquoi la gauche a t-elle cru qu'il suffisait de donner des mètres carrés et d'embaucher des universitaires pour avoir une bonne université et une bonne recherche ?», interroge t-il. Il pointe l'idée qu'une «doxa» s'est imposée qui utilise jusqu'aux mots des universitaires pour mieux les pervertir au service des réformes en cours. Il y voit l'explication de la très faible implication des élus de gauche dans le soutien au mouvement et l'incapacité des protestataires à trouver des «relais politiques». Mais aussi la raison pour laquelle la communauté universitaire a si bien accepté la "professionalisation" comme le nouveau pivot de l'enseignement supérieur. «Nous avons accepté de ne pas nous interroger sur les conséquences du processus de Bologne, l'idée que les classements et l'évaluation comparative sont les moyens de l'amélioration de l'université, accepté de ne plus parler de savoir et de connaissances, mais de compétences».
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http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2009/11/université-séminaire-alternatif-à-lehess.html