L'agenda de la grève à la Sorbonne : conférences, actions, évènements
Quinze semaines de grève à l’université. Le plus long conflit depuis Mai 68 s’étiole dans les dernières facs en grève. La semaine dernière, les JT du soir enterraient le mouvement dans un parfum de lassitude, voire de sourde hostilité. Mais une question reste en suspens : le grand public a-t-il été correctement informé tout au long de ce marathon parsemé d’assemblées générales jusqu’à plus soif et de déclarations gouvernementales à jet continu ? Pour nombre d’universitaires, la réponse est non. On dira : c’est normal, l’amertume des perdants. Quand on ne gagne pas la partie, « c’est la faute aux médias ». Le refrain est connu. Est-ce si simple ?
Personne ne peut dire que la grève à l’université a été passée sous silence. C’est même le contraire : la presse écrite – quotidiens régionaux inclus – y a consacré quotidiennement une trentaine d’articles, tout au long des trois derniers mois. Le comptage a été réalisé par l’universitaire Valérie Robert qui, en plus d’être l’« attachée de presse » depuis un an et demi du collectif Sauvons l’université, dirige un master professionnel de… journalisme.
Pas d’omerta, donc. Mais pourquoi ce conflit a-t-il eu autant de mal à passer la rampe des médias ? La complexité du débat, d’abord. Des journalistes pourtant spécialisés en éducation le disent : expliquer la « masterisation » des concours de recrutement des enseignants – surtout quand les principaux intéressés sont eux-mêmes perdus dans le flou des annonces gouvernementales – n’est pas une mince affaire. La multiplicité des réformes, de l’école à l’université, lancées toutes en même temps, selon la méthode du tir en rafales, chère à Nicolas Sarkozy, a contribué, aussi, à brouiller les cartes.
La complexité du débat n’explique cependant pas tout. La réforme des hôpitaux était au moins aussi ardue, mais elle a été présentée avec plus d’empathie pour les agents de la santé. L’université a mauvaise cote. Elle a été raillée, méprisée par des éditorialistes, de L’Express au Figaro. Quant au Monde, le journal de référence des universitaires, il a dû affronter une bronca d’une bonne partie des grévistes qui ne se reconnaissaient plus dans son traitement du conflit. Les universitaires, si courtisés d’ordinaire en tant qu’« experts », ne demandaient pas aux journalistes de témoigner de la sympathie pour ce mouvement, mais au moins d’expliquer, au-delà de la réforme Pécresse, en quoi l’université se sentait attaquée et incomprise. Les grévistes ont sans doute fait des erreurs de communication, même s’ils avaient des spécialistes des médias en leur sein. Quant aux journaux, en sous-effectifs chroniques, fragilisés par une crise économique et identitaire sans précédent, ils ont largement raté le coche. Les médias alternatifs, des blogs aux nouveaux sites d’infos, ont sans aucun doute encore marqué des points dans cette guerre de légitimité qui se joue autour du grand aggionarmento de la presse.