Beaucoup a été dit sur la très barbare "mastérisation" de la formation des enseignants. Mais il est encore nécessaire de répéter comment cette réforme néfaste n'est liée qu'à un tour de passe-passe laissant croire que la simple suppression d'une année de formation rémunérée (soit 10 000 à 15 000 postes de fonctionnaires économisés chaque année pour le budget de l'Etat) équivaudrait à un prolongement et donc à un progrès qualitatif de la formation.
Il est également sain pour le débat démocratique de rappeler que la véritable raison de cette réforme relève de ce qu'une phrase brutale du projet de budget qualifie joliment de recherche d'"un gain de productivité" (faisant au passage un édifiant parallèle entre cette réforme et la suppression du service militaire...). Il n'est pas inutile non plus de faire remarquer que, avec une morgue qui ne se dément pas, les ministres concernés n'ont tenu aucun compte des propositions des groupes de travail qu'ils avaient eux-mêmes convoqués.
Et ce au grand dam d'institutions qui ne peuvent passer pour de farouches opposantes à la réforme, mais qui ont pourtant jugé, récemment, que les décrets promulgués cet été sont "la pire des solutions". Nous pensons notamment à la conférence des présidents d'université ou à la conférence des directeurs d'Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM).
Pourtant ce n'est pas sur tout cela - qui relève de faits, non d'opinions - que l'on voudrait ici insister, mais plutôt sur l'effarement qui saisit le lecteur du récent article publié par les ministres en charge de ce dossier (Le Monde du 18 novembre). Certes, ce texte comporte des énoncés qui ne sont pas insupportables. Pour l'essentiel, les grands axes qui, à leurs yeux, justifient la réforme de la formation des enseignants pourraient être acceptés par la très grande majorité des citoyens : qui donc pourrait s'élever contre l'éloge de la place de l'éducation et des maîtres dans la communauté nationale, contre la reconnaissance du mérite et des difficultés des enseignants, contre la nécessité d'une formation pratique et professionnelle solide, contre l'affirmation du lien nécessaire entre la recherche et la formation dans les universités ?
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http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/11/25/la-reforme-de-la-formation-des-enseignants-conte-de-fees-de-m-chatel-et-mme-pecresse-par-jean-louis-fournel_1271859_3232.html