Les quatre groupes de proposition interministériels sur la réforme de
la formation enseignante (AEF n°119022) suggèrent un calendrier
différencié pour les concours enseignants. Les épreuves
d'admissibilité de PE auraient lieu fin septembre et l'admission en
fin de M2. Les candidats aux Capes, au Capet et aux concours de CPE
passeraient quant à eux les épreuves écrites fin décembre-début
janvier et l'oral à la fin du M2. Installés le 4 septembre 2009, les
groupes de travail ont rendu leurs rapports aux ministres Valérie
Pécresse et Luc Chatel, jeudi 15 octobre. Un groupe piloté par le
secrétaire général Pierre-Yves Duwoye, effectuera une synthèse de ces
travaux qu'il devrait remettre le 30 octobre aux deux ministres. Selon
les informations recueillies par AEF, Luc Chatel pourrait communiquer
sur la masterisation après les vacances de la Toussaint. Les syndicats
enseignants, qui n'ont pas été contactés jusqu'ici, pourraient se voir
proposer des dates d'audience « très prochainement ».
Les membres des groupes de travail estiment que le calendrier prévu
par les décrets publiés en juillet complique voire handicape la mise
en oeuvre de la masterisation, en particulier pour les PE.
Pour des raisons techniques et politiques, le ministère de l'Éducation
nationale ne semble pas disposé à avancer les épreuves d'admissibilité
en M1 en revenant sur les décrets. Le cabinet de Luc Chatel
explorerait cependant « la possibilité d'infléchir les décrets par
voie d'arrêté permettant aux étudiants de s'inscrire aux concours
'sous réserve' de valider leur M1 ». Cette disposition permettrait
d'organiser les épreuves de recrutement de PE au tout début du M2. En
effet, dans le schéma actuel, note une source proche du dossier, pour
que les épreuves d'admissibilité du CRPE aient lieu fin septembre, il
faudrait que les inscriptions soient bouclées avant le 31 août,
période à laquelle les services administratifs sont en vacances.
Aujourd'hui, les étudiants ont entre le 10 septembre et le 20 octobre,
assure-t-il.
UN GROUPE PLC PLUS PARTAGÉ
Le groupe de travail sur le premier degré prônerait une maquette de
concours proche de celle proposée en janvier dernier. Elle serait
composée de deux épreuves d'admissibilité disciplinaires comprenant
une dimension didactique axée d'une part sur la connaissance de la
langue française et de la culture littéraire, et d'autre part sur les
mathématiques et les sciences. Les deux épreuves orales seraient très
professionnelles, dont l'une centrée sur la connaissance du système
éducatif, à partir des connaissances acquises par l'élève lors de son
stage en établissement.
Les membres du groupe « professeurs de l'enseignement secondaire,
technique, d'éducation physique et sportive et conseillers principaux
d'éducation », plus partagés que le groupe PE, livrent un rapport «
prudent » selon plusieurs sources concordantes. Ils donnent des
préconisations souples, laissant au ministère de l'Éducation nationale
la liberté de décliner plus finement les épreuves en fonction des
disciplines. Le groupe ne tranche pas le maintien ou non de l'épreuve
de connaissance du système éducatif, qui relèvera d'une décision
politique, mais marque son refus d'une « épreuve livresque ».
Les maquettes de Capes proposées restent relativement disciplinaires à
l'écrit. Les deux épreuves d'admission, plus professionnelles,
comprendraient « classiquement » une leçon avec dans certaines
disciplines la possibilité de vérifier les connaissances
expérimentales et une épreuve de dossier, en lien avec le stage et la
dimension professionnelle du master.
Par ailleurs, l'ensemble des membres du groupe s'accordent sur le
principe que le master ne devra pas être conçu en fonction du
concours, mais l'inverse. « Les maquettes ne semblent pas
révolutionnaires, mais au final, tout dépendra de la manière dont les
universités construisent leurs masters », explique une source proche
du dossier. De même, ils souhaitent éviter d'alourdir les concours
avec de nouvelles épreuves.
La place et le contenu du stage ont par contre fait l'objet de
discussions assez vives.
ADMISSIBILITÉ DE L'AGRÉGATION EN M2
Le groupe « agrégation » insisterait sur la nécessité pour les agrégés
de recevoir une formation professionnelle et d'effectuer des stages
qui devront être pris en compte dans les concours.
Selon plusieurs sources, la place de l'agrégation après le M2 pose
souci. Les Écoles normales supérieures craindraient que les étudiants
s'orientent directement vers une unité de recherche sans passer
l'agrégation. Par ailleurs, les agrégés risqueraient de se retrouver
devant élèves sans avoir reçu de formation professionnelle. Aussi,
afin de pallier une éventuelle réduction du vivier d'agrégés et une
mise en concurrence avec les doctorats, le groupe de travail suggère
la possibilité d'inscrire aux concours des étudiants inscrits en M2,
bien qu'ils ne l'aient pas encore validé.
Les membres du groupe agrégation proposent des mesures transitoires
pour la session 2011, qui risque de poser des problèmes de vivier. En
effet, ils redoutent un nombre insuffisant de candidats titulaires
d'un M2 à l'agrégation, alors qu'aujourd'hui 80 % des agrégés ont un
niveau M1.
En dépit des «logiques divergentes selon les niveaux de recrutement», les quatre
groupes insistent sur le lien master/concours.
Source: Cette dépêche AEF fait partie du dossier d'actualité suivant : Masterisation de la formation des enseignants.