La conférence des directeurs d’IUFM rejette le projet de réforme proposé par Pécresse et Chatel. Son président, Gilles Baillat, s’explique.
Comment réagissez-vous au texte présenté, vendredi 13 novembre, sur la formation des enseignants ?
Gilles Baillat. Nous sommes déçus et en colère. D’abord, nous regrettons un tel écart entre le texte présenté par le gouvernement et le contenu des groupes de travail auxquels j’avais participé. On a le sentiment que la concertation n’a servi à rien. Sur le fond, les annonces minorent considérablement l’idée qu’enseigner est un métier qui s’apprend. Le projet sur la formation revient au tout-disciplinaire, dans le plus mauvais sens du terme. On fait un bond en arrière de trente ans. C’est-à-dire qu’on demande aux étudiants de savoir beaucoup de maths s’ils veulent devenir prof de maths et beaucoup de français s’ils veulent devenir prof de français, en mettant de côté les stages et les connaissances disciplinaires, pédagogiques et didactiques.
Le stage non obligatoire est-il un recul ?
Gilles Baiilat. Oui. Jusqu’à présent, il ne pouvait pas y avoir d’enseignant titularisé dans les écoles, les collèges ou les lycées sans qu’ils aient fait obligatoirement des stages en responsabilité. Aujourd’hui, le fait que les stages ne soient plus obligatoires risque de les faire passer au second plan. Les étudiants vont privilégier les boulots alimentaires, la réalisation du mémoire de master ou la préparation des épreuves. Les conséquences seraient catastrophiques pour l’éducation des enfants. On attend les textes de cadrage en décembre mais nous alertons sur ces signaux négatifs et ces menaces de régression. Car, si rien ne change sur ce nouveau système, il se peut qu’un étudiant fasse un master, passe le concours, le décroche et arrive en maternelle sans avoir jamais eu une classe en responsabilité.
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http://www.humanite.fr/2009-11-24_Societe_Gilles-Baillat-Une-catastrophe-pour-l-education-des-enfants
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