L'agenda de la grève à la Sorbonne : conférences, actions, évènements
La plus vieille université de France, la Sorbonne, n’existe pas. Partagée entre trois universités, Paris-I, Paris-III et Paris-IV, ainsi que l’EPHE, elle voit le quart de sa surface occupée par le Rectorat de Paris. Non seulement il l’occupe, mais il en gère l’accès et l’usage. Il en interdit même la libre circulation à l’intérieur – on ne peut plus rentrer depuis la rue des Écoles – et en gère en tout arbitraire les locaux. Il a fallu d’âpres négociations, précédées de quasi-émeutes, pour que le Grand Amphi, interdit de cours depuis 1968, soit rendu, avec parcimonie, aux seuls étudiants qui passent les concours. Le reste du temps, le Rectorat en garde le monopole et le loue à grand frais pour des opérations qui n’ont souvent rien à voir ni avec la Recherche ni avec l’enseignement. Faute de place, les étudiants des deux premières années de licence n’ont plus cours à la Sorbonne ; ceux de la troisième année suivront bientôt.
Mais il y a pire : non content de rendre la vie plus difficile à la communauté universitaire qui peut encore utiliser à la Sorbonne, non content de la priver d’une bonne part de la surface disponible, non content de faire de l’argent avec ce qu’il garde jalousement, le Rectorat transforme la Sorbonne en bunker. Étudiants, personnels administratif et enseignant se heurtent à la fermeture récurrente des accès, d’une porte sur deux, à la vérification humiliante des cartes et à la fouille des sacs, sans raison apparente. Malheur à celui qui a oublié sa carte ! Dans ces conditions, la Sorbonne, bien sûr, ne peut être visitée par les touristes. Les jeunes qui veulent se renseigner avant d’y étudier vivent un véritable parcours du combattant. Il devient même impossible pour les collègues extérieurs, d’autres universités françaises et étrangères, de venir y travailler : on les refoule désormais, même s’ils ont une carte professionnelle. Impossible de venir travailler à la bibliothèque, impossible de venir à un séminaire, impossible de venir voir des collègues, bientôt il sera impossible d’y organiser un colloque ou une soutenance de thèse.
Enfin, ces derniers jours, au moindre frémissement, le Rectorat ferme et ouvre la Sorbonne à l’envi, armé de vigiles privés et des forces de l’ordre ; on y empêche les entrées, on évacue sans ménagement ceux qui la fréquentent, on les y enferme et on accumule les humiliations. Nous sommes contrôlés, fouillés, refoulés, bousculés, évacués. La Sorbonne est armée et les universités en sont chassées.
Non, la Sorbonne n’existe pas : c’est une possession du Rectorat, qui y tolère à peine les membres des universités qui la composent et y travaillent. Le monde ne rentre pas dans ce bunker de plus en plus fermé.
Cette situation ne peut plus durer ! À l’heure où des travaux de mise en sécurité vont encore plus réduire les surfaces disponibles, il est temps de libérer la Sorbonne et de la rendre à ses seuls usagers légitimes, les universités. Nous demandons :
1) que cessent définitivement tous les inutiles contrôles de cartes et des sacs pour tous ceux qui y travaillent ;
2) que cessent les contrôles policiers et l’emploi de vigiles privés dans la Sorbonne ;
2) que les services du Rectorat de Paris cèdent tous les locaux qu’ils y occupent aux universités et aux autres établissements qui se partagent actuellement la Sorbonne. Ces locaux leur seront alors attribuées proportionnellement aux surfaces qu’ils occupent actuellement ou mutualisés. Le Rectorat pourra rassembler ses services dans un lieu unique – par exemple sur les espaces disponibles Porte de la Chapelle – qui sera plus fonctionnel et dans lequel il pourra se protéger sans dommage pour la communauté universitaire. Dans toutes les autres villes de France, Rectorat et universités ont des locaux totalement distincts : l’anomalie parisienne doit cesser. La Sorbonne, mondialement connue comme un lieu universitaire, doit le redevenir et doit pouvoir, enfin, être un lieu ouvert à tous ceux qui veulent y étudier et y travailler.
Nous appelons tous les membres de la communauté universitaire, quel que soit leur statut, à signer cette pétition (à l’adresse :
http://www.shesp.lautre.net/spip.php ?article56) et à la faire circuler.
Premiers signataires :
François Aubral, Pr. philosophie, univ. Paris-I Panthéon-Sorbonne
Bertrand Binoche, Pr de philosophie, univ. Paris-I Panthéon-Sorbonne
Ivan Birks, MCF Anglais, univ. Paris-III Sorbonne Nouvelle
Marie-Claude Blanc-Chaléard, MC hist. contemporaine, univ. Paris-I Panthéon-Sorbonne
Pierre Boilley, PR hist. contemporaine, univ. Paris-I Panthéon-Sorbonne
Bénédicte Milland-Bove, MC Littérature française du Moyen Age, univ. Paris III-Sorbonne Nouvelle
Catherine Brun, MC, univ. Paris III
Alain Cantillon, MC littérature française, univ. Paris III - Sorbonne nouvelle
Jean-Luc Chappey, MC histoire moderne, univ. Paris-I Panthéon-Sorbonne
Thomas Cutuil, Doctorant, Institut de Biologie Structurale de Grenoble,
Jean-Philippe Dedieu, docteur en sociologie
Yves Deloye, PR science politique, univ. Paris I Panthéon-Sorbonne, IUF
Vincent Denis, MC hist. moderne, univ. Paris-I Panthéon-Sorbonne
Eric Dime, Fonctionnaire, Lille (59)
Pascale Dubus, MC, histoire de l’art, UFR 04, univ. Paris I Panthéon-Sorbonne
Denis Ferraris, Pr UFR d’Etudes italiennes et roumaines, univ. Paris III Sorbonne Nouvelle
François Foronda, MC hist. médiévale, univ. Paris-I Panthéon-Sorbonne
Pierre Fröhlich, MC histoire ancienne, univ. Paris-I Panthéon-Sorbonne
Christophe Grellard, MC Philosophie, univ. Paris-I Panthéon-Sorbonne
Nathalie Griton, PRAG latin, univ. Paris-III Sorbonne Nouvelle
Antony Hostein, MC histoire ancienne, univ. Paris-I Panthéon-Sorbonne
Chantal Jaquet, Pr de philosophie, univ. Paris-I Panthéon-Sorbonne
Sophie Jallais, MC économie, univ. Paris-I Panthéon-Sorbonne Valériane Milloz, AM hist. Contemporaine, univ. Paris-I Panthéon-Sorbonne
Anne Mounic, univ. Paris III Sorbonne nouvelle
Nicolas Offenstadt, MC histoire médiévale, univ. Paris-I Panthéon-Sorbonne
Françoise Palleau, MC anglais, univ. Paris III Sorbonne nouvelle
Nathalie Peyrebonne, MCF UFR Etudes Ibériques, univ. Paris III Sorbonne Nouvelle,
Sophie Rabau, MC univ. Paris-III Sorbonne Nouvelle
Valérie Robert, MC Etudes germaniques, univ. Paris-III Sorbonne Nouvelle
Elise Tillet, juriste
Mathieu Tracol, AM hist. contemporaine, univ. Paris-I Panthéon-Sorbonne
Eric Vallet, MC hist. médiévale, univ. Paris-I Panthéon-Sorbonne
Jérôme Valluy, MC HDR sciences politiques, univ. Paris-I Panthéon-Sorbonne
Pour signer la pétition, c'est ici: http://www.shesp.lautre.net/spip.php?article56