• On vient d’apprendre que le ministre de l’Éducation nationale, M. Luc Chatel, a décidé de supprimer l’histoire et la géographie comme matières obligatoires en terminale scientifique. Il se propose néanmoins de les maintenir dans un cadre optionnel. Ce nouvel épisode de la réformite aiguë de tout ministre de l’Éducation nationale laisse anéanti et scandalisé. Ceci d’autant plus que ce n’est pas trahir un secret que de révéler que le ministère avait commencé par reculer et par admettre que sa réforme n’était pas fondée, en rétablissant l’histoire et la géographie dans le cursus des disciplines obligatoires en terminale scientifique.

    On peut supposer que les pressions des associations de mathématiciens et de physiciens qui veulent à tout prix conserver à cette terminale son caractère de « pureté » ont dû être très fortes ces derniers jours. Cela aboutit à une décision qui privera plus de la moitié des lycéens de Terminale d’un enseignement tout à fait nécessaire. Cette question ne concerne pas que les historiens et géographes, même si l’on ne doit pas s’étonner que ces derniers protestent très vigoureusement. Ancien élève de ce que l’on appelle une terminale scientifique (une terminale C en l’occurrence), économiste et spécialiste en recherches stratégiques, je me suis senti personnellement interpellé par cette mesure.

    Une mesure démagogique et une politique schizophrène

    Tout le monde peut comprendre, au vu de ce qu’est un lycéen aujourd’hui, et plus particulièrement dans une section scientifique avec une spécialisation renforcée par la réforme, qu’une telle décision va aboutir à la suppression totale de cet enseignement. Très peu nombreux seront les élèves qui prendront une telle option. Nous ne devons donc nourrir aucune illusion. Le caractère démagogique de la mesure est évident dans la mesure où il fait reposer sur les élèves la décision de prendre ou de ne pas prendre les cours d’histoire et géographie à un moment où la spécialisation de la filière vient d’être réaffirmée.


    La suite ici: http://culturevisuelle.org/icones/154/comment-page-1 

  • Edito de la revue (novembre 2009)

    La FSU a mis dans le paysage sa grève du 24 novembre sur le budget. 24h de grève, le plus tard possible par rapport aux agressions de la rentrée et même par rapport au débat budgétaire. Au conseil national de la FSU nous avons proposé, en tant qu’Émancipation, un dispositif de mobilisation à la hauteur de l’offensive gouvernementale, pour le retrait de toutes les contre réformes avec l’abandon du marché de dupes qu’est le "dialogue social" de Sarkozy.

    Depuis, le rapport sur les mineurs étrangers en zones d’attente est sorti : des mômes de 6 ans à qui on demande de signer leur accord pour être expédiés, et qu’on remet immédiatement dans le premier avion venu pour qu’ils ne disposent pas des 24 h de présence sur le sol français nécessaires pour leur ouvrir des droits. Ces pratiques odieuses sont à mettre en relation avec la disparition programmée du dispositif de protection des mineurs isolés, les prélèvements osseux pour déterminer l’âge des mineurs étrangers, ainsi que l’utilisation des enfants scolarisés pour piéger les parents sans papiers et les tentatives d’imposer des tests ADN pour les familles migrantes…

    Ces abominations se développent, parce qu’il manque, à côté de la mobilisation souvent déterminée des associations de défense des droits de l’homme et des enfants, celle des organisations syndicales, qui traitent ces questions au chapitre des “droits et libertés”, rarement dans les résolutions sur l’action.

    La plate forme de la grève du 24 novembre n’évoque pas ces problèmes… Mais la date choisie percute les célébrations du vingtième anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant(CIDE) adoptée le 20 novembre 89. On est contre les commémorations officielles, et quel sens a la ratification de cette convention par l’État français quand ce même État bafoue chaque jour plus les droits des enfants. Mais on peut aussi penser que consacrer une partie des nos AG et de nos tracts de préparation de la grève du 24, permettra peut-être que ces questions brûlantes constituent un point à part entière de la réflexion et de l’action syndicales, en lieu et place de l’intérêt de bon ton pour "les usagers" de nos services publics, qui tous peu ou prou ont affaire à l’enfance.


    Source: http://sauvonsluniversite.com/spip.php?article3098

  • Grèves, contestations, désobéissance. En psychiatrie et dans les hôpitaux, dans la recherche et l'enseignement, dans l'éducation...
    Sur fond de crise durable, les mouvements de dissidence se multiplient contre les politiques économiques, sociales et institutionnelles actuelles. Est-ce la réponse d'un corps social blessé ? C'est la question que ce numéro de Chimères ne traite pas. Plutôt que de s'inscrire dans une lecture victimaire, ce numéro rassemble des articles et des témoignages qui analysent les processus contradictoires en jeu dans le démontage et la réédification d'institutions diverses. Les mécanismes d'assujettissement se sont-ils transformés ? Comment se réinventent des pratiques de terrain ? Comment sont créés ou détournés les dispositifs ? Comment penser et préparer des lignes de fuite à travers et hors des cadres institutionnels ?
    La proposition de ce numéro ? Rassembler les créativités des uns et des autres pour qu'elles essaiment.
    Alain Brossat/ Jacob Rogozinski, La grève universitaire : une ronde plus qu'une révolution
    Jean-Louis Déotte, Quel sens peut avoir la lutte d'universitaires ?
    Comité 227, ApPEL A gATEaU ET à lA PiOchE 

     
    Extrait d'un entretien avec Alain Brossat et Jacob Rogozinski autour du mouvement de grève universitaire – Mai 2009. Mathilde Girard et Elias Jabre pour Chimères
    Le mouvement actuel des grèves étudiantes, et le déplacement des formes d'action par rapport aux nouvelles formes de pouvoir

    Mathilde Girard : L'idée de cet entretien nous est venue avec Alain Brossat suite à une discussion que nous avons eue récemment sur le mouvement des grèves à l'Université ; en ce qui me concerne, bien qu'étant doctorante, je n'ai pas pris part au mouvement, d'abord parce que je travaille par ailleurs et parce qu'il est toujours complexe de prendre part à un tel événement sans y être tout à fait présent. Au cours de la discussion, il m'a semblé qu'il y avait beaucoup de choses à dire sur l'analyse de cette séquence, et sur les échos qu'elle pouvait trouver auprès d'autres situations et questions politiques actuelles. Suite à cela, Alain m'a transmis votre texte et j'ai souhaité vous proposer une situation d'échange, dans le cadre de notre prochain numéro de Chimères sur les rapports entre institution et utopie, et sur les initiatives politiques qui cherchent des formes d'action déplacées par rapport aux formes usuelles. Avant d'engager l'échange plus directement sur le mouvement, peut-être pourriez-vous nous dire un mot sur le moment dans lequel l'événement s'est placé à Paris VIII ?
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    Quel sens peut avoir la lutte d'universitaires ? Voir aussi : http://inter-seminaire.org/  : "A l'occasion des mouvements de ces dernières années nous avons expérimenté des formes de recherche et de relation au savoir en résistance aux modèles dominants qui tendent à s'imposer. Indépendamment de la réussite ou de l'échec des différentes séquences de lutte passées ou à venir, l'autonomisation de ces pratiques tant par rapport aux pressions économiques que par rapport aux cadres universitaires classiques - ouvrent sur un champ à explorer. S'y est fait jour, grâce au temps de la grève, l'intensité proprement politique du rapport entre la théorie et la pratique.
    Cet "inter-séminaire" a pour vocation de faire résonner entre elles ces expériences (groupes de réflexion et de recherche ouverts, mises en pratique de l'université expérimentale, séminaires de grève autogérés, etc.) afin qu'elles s'enrichissent mutuellement et qu'elles puissent mettre en commun des réflexions et des réalisations."

     
    Extrait de l'article paru dans la revue papier
    "(...) Le dérisoire de l'affaire, c'est que nos départements de sciences humaines n'ont plus grand rapport avec ces lieux mythiques que furent Vincennes ou le Collège International de Philosophie. Sarkozy a comme modèle Thatcher, mais il arrive trop tard. L'anachronisme est patent, la « dame de fer » a conquis sa réputation en s'attaquant aux syndicats d'une industrie déclinante (les mines), aujourd'hui il est totalement contre-productif pour l'économie capitaliste, pour laquelle le savoir a une valeur marchande, de détruire les lieux de production de cette valeur. A quand un Ministère chargé de l'exportation des sciences humaines ?
    La transformation du savoir universitaire en valeur marchande avait fort bien été décrite par La Condition postmoderne de Lyotard (1979), petit ouvrage fort excitant qui n'était autre que le résultat d'une commande du CNRS canadien. Il était inévitable alors que les universités deviennent des sortes de supermarchés des connaissances et des savoir-faire. Cette fragmentation des sciences humaines en particulier (la diversification indéfinie des studies) ne pourrait être endiguée que par la refondation d'une véritable Science sur un socle ontologique. Mais c'est une fiction théorique. Que Benjamin dénonçait déjà dans son texte de jeunesse sur La vie étudiante.


    La suite ici: http://www.fabula.org/actualites/article33573.php 

  • « Approche par compétences », «  évaluation par compétences », « compétences de base », « compétences transversales », « socles de compétences », « compétences terminales »... Le concept de « compétences » est devenu incontournable dans les écrits sur l’enseignement. Son succès est planétaire. Après les Etats-Unis, le Québec, la Suisse, la France, la Communauté française de Belgique et les Pays-Bas, « l’obsession des compétences » [Boutin et Julien, 2000], cette nouvelle « pensée pédagogique unique » [Tilmant 2005], est désormais en train de conquérir la Flandre. Mais sous le couvert d’un discours parfois généreux et moderniste pourrait bien se cacher une opération de mise au pas de l’enseignement : sa soumission aux besoins d’une économie capitaliste en crise.
    Introduction

     Dans le monde francophone, le mouvement de réforme pédagogique baptisé « approche par compétences » a commencé par se développer au Québec et en Suisse romande, avant de s’étendre à la Belgique, à Madagascar et, plus timidement, en France. En Communauté française de Belgique, c’est le « décret missions » de juillet 1997 qui a donné le coup d’envoi de la réforme. Il y était question d’ « amener tous les élèves à s’approprier des savoirs et à acquérir des compétences qui les rendent aptes à apprendre à apprendre toute leur vie et à prendre une place dans la vie économique, sociale et culturelle ». Ainsi se trouvaient associées officiellement, et pour la première fois, deux idées : celle de viser le développement de « compétences » (même si en 1996 on les place encore sur le même pied que les «  savoirs ») et celle d’utiliser plus efficacement l’enseignement obligatoire au service de la « vie économique ». En mai 1999, le parlement de la Communauté française adoptait les « socles de compétences » de l’enseignement primaire et du premier cycle secondaire et, un an plus tard, il votait les «  compétences terminales » à atteindre en fin d’enseignement secondaire. Les années 2001 et suivantes virent l’arrivée progressive, dans tous les niveaux et réseaux d’enseignement, de nouveaux programmes basés sur l’approche par compétences.

    Une approche ni récente ni originale

    Ces réformes ont eu lieu au moment où, parallèlement, le Parlement européen et le Conseil des ministres européens approuvaient (de 2000 à 2006) un cadre de référence pour les « compétences-clé » nécessaires « à l’apprentissage tout au long de la vie, au développement personnel, à la citoyenneté active, à la cohésion sociale et à l’employabilité » [Parlement européen, 2006]. Ce programme européen faisait suite à des initiatives semblables au niveau de l’OCDE et de la Banque mondiale qui, elles aussi, proposèrent leurs listes de « compétences de base pour entrer dans l’économie de la connaissance ».

    Article ici: http://sauvonsluniversite.com/IMG/pdf/APC_Mystification.pdf 

  •  

    Le néolibéralisme de gauche à l’école

    A propos de l’ouvrage d’Éric Maurin

    La nouvelle question scolaire

    Les bénéfices de la démocratisation

    Par Guy Dreux

    Institut de Recherches de la FSU

     

    Il est des ouvrages qui intéressent autant par leur succès et leur réception que par leur contenu.

    Il en est qui, à la faveur de quelques désorientations ou confusions du moment, sont lus avec

    une sorte de bienveillance qui tranche avec les réflexions et arguments exposés. Il en est

    même qui, critiquant une partie de la population, une profession ou un groupe particulier,

    trouvent justement et étonnamment leurs meilleurs soutiens parmi ceux qu'ils mettent en

    cause. L’ouvrage d'Eric Maurin, La nouvelle question scolaire, est de ceux-la.

    Paru au second semestre 2007, l'ouvrage a connu un succès suffisant pour justifier son

    actuelle réédition en format de poche1. La plupart des commentateurs n’ont pas manqué de

    saluer la rigueur d’une démonstration qui prouve, contre de nombreuses voix actuelles, que la

    démocratisation de l’enseignement a été et reste une bonne chose. Prenant le contre-pied des

    lamentations à propos du déclin de l’école ou de l’échec du collège unique, Eric Maurin

    oppose de nombreux travaux statistiques qui prouvent les "bénéfices" de la démocratisation

    de l’enseignement, tant sur le plan social qu’individuel. Les "déclinologues" et les "élitistes"

    exploitent à l'envi les thèmes de la baisse du niveau et de la dévalorisation des diplômes pour

    mieux soutenir des politiques conservatrices voire réactionnaires qui entendent revenir sur des

    objectifs jugés finalement inatteignables et irréalistes. Rien de tout cela n’est fondé, nous dit

    Eric Maurin. Tout au contraire, l’enjeu actuel est de poursuivre ces efforts pour réaliser dans

    un avenir proche une réelle démocratisation de l’enseignement supérieur, aussi bénéfique

    pour les individus que nécessaire à l’économie française.

     

    Ainsi présenté, on comprend que de nombreux "progressistes" se soient réjouit de telles

    affirmations. Pour toutes celles et tous ceux qui, par profession ou conviction, sont attachés à

    la défense d'une école pour tous, toujours plus ambitieuse et démocratique, l’ouvrage de

    l'économiste Eric Maurin semble offrir de solides arguments à opposer aux tentations

    conservatrices actuelles.


    La suite ici: http://www.mutations-institut-fsu.org/wp-content/uploads/2008/10/ericmaurinneolib.pdf 

     





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