• Tableau noir - Editorial par JEAN-EMMANUEL DUCOIN (L'Humanité)

    Pas de duperie. À la faveur de la lente maturation estivale ponctuée par la poursuite effrénée des drames sociaux, nous avons donc assisté, incrédules, à une autre maturation non moins pernicieuse. Celle de la fameuse psychose de la grippe A, volontairement maintenue au sommet des préoccupations, comme si certains voulaient qu’elle chasse mécaniquement tous les autres sujets du moment, à l’heure où, par exemple, les portes des établissements scolaires, « principaux menacés » par la pandémie, allaient s’ouvrir… L’opération diversion aurait presque réussi sans la vigilance de nos concitoyens. Ainsi, depuis quelques jours, les premières sorties malhabiles et hésitantes du nouveau ministre de l’Éducation nationale, Luc Chatel, se sont-elles soldées par un trouble évident chez les 850 000 professionnels, qui en ont pourtant vu d’autres…

     
    Puisque Luc Chatel a annoncé qu’il s’inscrivait « clairement » dans la continuité de son prédécesseur, Xavier Darcos, les sujets de grande inquiétude de cette rentrée scolaire ne manquent pas. « Réformes » du primaire, de la formation des enseignants, du lycée, de la formation professionnelle, suppression de l’école le samedi, service minimum, carte scolaire, etc. Depuis deux ans, le gouvernement n’a pas retenu sa hargne pour agresser le monde de l’école par tous les bouts. D’autant que, parmi les nombreux dossiers brûlants, celui des suppressions de postes reste le plus incandescent. Pas moins de 13 500 postes ont disparu en cette rentrée 2009, sans oublier les 16 000 supplémentaires programmés pour l’exercice 2010… Honnêtement, nous avons peine à prendre la mesure de cette érosion systémique qui, progressivement, a non seulement rogné sur l’une des plus belles ambitions de notre pacte républicain (le savoir pour tous), mais a également modifié en profondeur sa raison d’être (un service public d’éducation), provoquant, jusque dans le coeur des enseignants, une crise d’identité sans précédent… Qu’on le sache : entre 2007 et fin 2010, ce seront plus de 50 000 salariés de l’éducation qui auront été sacrifiés ! Victimes : les élèves et l’égalité des chances… donc une certaine idée de la Répulique !


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