• Jacques Ginestié : «Des enseignants qui découvriront le métier en même temps que leurs élèves» - Mediapart

    Les textes réglementaires de la réforme de la formation des enseignants seront finalement présentés au Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche 19 décembre 2009, quelques jours après ceux de la réforme du lycée. Près d’un an de «consultations», pour choisir au final «la pire des solutions» selon Jacques Ginestié, directeur de l’institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) d’Aix-Marseille. La réforme prévoit le recrutement des professeurs au niveau master 2 (bac plus cinq) et de confier la formation aux universités via des masters.
     
    Jusqu’ici tout va bien, mais c’est sur la date, jugée trop tardive dans le cursus, des concours de recrutement et leur manque de contenu professionnel, que les syndicats tiquent. Les épreuves d’admissibilité auront désormais lieu en master 2 (en septembre pour les futurs professeurs des écoles, en décembre pour le Capes et au printemps pour les agrégés) et porteront uniquement sur les savoirs scientifiques et non sur les compétences pédagogiques des étudiants. Formateur à l’IUFM d’Aix-Marseille depuis sa création en 1991, Jacques Ginestié a un regard très critique sur ces structures. «Si l’université est le lieu où on enseigne les savoirs créés par la recherche, alors les IUFM n’ont pas rempli leur mission», estime-t-il. Mais aujourd’hui, il voit dans la réforme la victoire d’une certaine droite qui préfère «former les élites plutôt que des citoyens». 


    Un an après le report partiel de la réforme de la formation des enseignants, y a-t-il eu des progrès dans les textes présentés le 13 novembre 2009 aux syndicats? 
    Jacques Ginestié. Nous en sommes à peu près au même point qu’au mois de décembre de l’an dernier. Tout ce qui s’est passé depuis un an n’a pas servi à grand-chose. L’espoir derrière la masterisation était que la formation serait plus équilibrée entre savoir disciplinaire et rôle du professeur. Mais le gouvernement a créé quelque chose d’encore plus aberrant que les IUFM. Les étudiants de master 2 devront courir quatre lièvres à la fois: préparer des concours de l’enseignement hypersélectifs, mener une recherche débouchant sur un mémoire, préparer un master disciplinaire qui, explicitement, ne prépare pas aux concours de l’enseignement et se former professionnellement au cours en faisant des stages. Il y a peu de chances pour que les aspects professionnels soient couverts! Des gens qui ne sont pas formés professionnellement ne peuvent pas être opérationnels dès le premier jour. Or c’est ce qui va se passer: on va confier l’enseignement à des fonctionnaires qui découvriront le métier en même temps que leurs élèves.



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