• L'université est-elle vraiment en crise ? - La Voix du Nord

    Depuis 2006 et la fronde anti-CPE, l'université n'a jamais vécu une année sereine. Chaque génération d'étudiants a dû essuyer plusieurs semaines de blocage. Plus qu'en crise, l'université française est en pleine mutation. Depuis dix ans, on attend qu'elle joue les locomotives de la croissance. Les grandes puissances mondiales l'ont déjà compris, qui poussent la France à voir ses cerveaux comme une machine de guerre économique. Du coup, le gouvernement tente de rattraper le retard en concentrant les moyens sur des pôles d'excellence. D'où l'anxiété des plus petites facultés. Les universités ont réussi le pari de la démocratisation. Le prochain défi sera celui de l'excellence.

    • Malade, l'université ?

    OUI. Elle souffre d'une crise structurelle. Historiquement, l'université s'est construite avec un regard distancié sur le monde, pour le penser. « Dans sa hiérarchie des valeurs, ce sont les recherches qui comptent, pas la pédagogie ! Aujourd'hui, les étudiants ne viennent pas à l'université pour la connaissance scientifique, mais pour trouver un métier ! », pointe Aziz Jellab, sociologue à Lille III. Il faut donc que l'université clarifie ses missions pour professionnaliser ses formations. Les jeunes, touchés par la diffusion du chômage et la montée de l'emploi précaire, donnent en effet priorité aux filières professionnalisantes (IUT, BTS, écoles d'ingénieurs et de commerce) ou sélectives (classes préparatoires, écoles d'ingénieurs ou de commerce), l'université étant devenue un choix par défaut. Dans l'académie, les bacheliers généraux ont ainsi été moins nombreux en 2009 qu'en 2008 à demander l'université en premier voeu (33,77 % contre 35,62 %, la licence restant cependant le premier choix majoritaire). L'université, seul établissement à ne pas sélectionner, entre dans une ère de concurrence, l'offre de formation professionnelle sélective continuant d'augmenter.

    • Toutes les filières sont-elles touchées ?

    NON. Le malaise touche surtout les étudiants des filières de sciences humaines et sociales (langues, lettres, histoire ou psychologie). Ces cursus, touchés par la baisse du nombre de postes ouverts dans les concours de la fonction publique, s'estiment laissés à l'abandon par rapport à ceux de la voie royale des classes préparatoires, des écoles supérieures non universitaires où les étudiants, sélectionnés, ont plus de moyens, sont mieux encadrés et où les débouchés sont plus assurés. Président de Lille I (sciences), Philippe Rollet met en avant les bons taux d'insertion de ses étudiants pour réfuter l'idée d'une « crise pédagogique » de l'université. « Si crise il y a, c'est celle des moyens. » Jean-Claude Dupas, président de Lille III (lettres et sciences humaines), positive : « Lille III évolue. On est en train de repenser les métiers par rapport à la demande sociale. » Les formations se veulent davantage pluridisciplinaires, professionnelles. Objectif ? « Accrocher » le privé. J.-C. Dupas : « L'AERES (agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur) a noté la volonté de l'université d'entretenir un rapport différent avec le monde économique »


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