• "La Ronde infinie des obstinés fait fonction de forum » - L'humanité

    Professeur d’histoire contemporaine à Paris-VIII, Danielle Tartakowsky décrypte les enjeux du mouvement et les nouvelles formes de contestation.

    Le mouvement universitaire dure depuis bientôt trois mois. Comment l’analysez-vous ?

    Danielle Tartakowsky. Le mouvement est à l’évidence inédit. C’est la première fois que les enseignants-chercheurs s’engagent aussi fortement dans un mouvement contre des lois qui mettent à mal l’université dans ses fondements et sa mission même. Dès le processus de Bologne, la réflexion s’est engagée dans le milieu universitaire. Les débats se sont multipliés dès la transformation des diplômes en LMD (licence master doctorat - NDLR). Je me souviens d’assemblées générales à Paris-VIII sur les logiques à l’oeuvre dans ce qui se donnait pour des changements purement techniques. C’est revenu avec plus de force au moment de la LRU. La connaissance théorique des textes et des menaces existait déjà. Mais cela paraissait encore abstrait et l’on pouvait avoir le sentiment que tout cela n’était pas pour tout de suite. Et puis brusquement, on a été confrontés aux effets concrets. Comme bien des acteurs du mouvement social aujourd’hui, nous nous sommes sentis atteints au plus profond de ce que nous sommes.

    Le gouvernement semble vouloir recadrer les missions qui sont les vôtres…

    Danielle Tartakowsky. Nous savons bien qu’il existe des dysfonctionnements à l’université, mais il y a aussi des choses qui fonctionnent très bien et on est face à une espèce de rage de ceux qui nous gouvernent, d’appuyer précisément sur les points où ça fonctionne. L’université est, notamment dans les sciences humaines, un espace de liberté qui permet l’élaboration d’une pensée critique, originale. Cet espace de liberté, qui suppose le temps de la réflexion, est remis en question par des logiques de concurrence. Je dirige une des écoles doctorales à Paris-VIII. Par définition, nous sommes dans des secteurs non rentables. On s’est vu soumis, mesure après mesure, à un rouleau compresseur. On nous demande de faire des thèses de plus en plus vite, on nous impose le contrat doctoral. On est soumis à des normes dont nul ne peut nous donner la logique, puisqu’il n’y en a pas. On nous accuse de ne pas professionnaliser et on supprime des postes d’enseignants-chercheurs…

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    Entretien réalisé par Ixchel Delaporte


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