• La Sorbonne contre les Centaures - Politique de maintien de l’ordre et nouvel assujettissement académique


    Par Elsa Dorlin , MCF philosophie, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

    Depuis le mouvement anti-CPE au printemps 2006, les sites universitaires mobilisés contre les réformes gouvernementales portant atteintes aux missions de l’université et de la recherche publique, font l’objet d’une surveillance rapprochée non seulement de la part des forces étatiques de maintien de l’ordre, mais également de la part d’entreprises privées de sécurité, spécialement recrutées à cet effet. La Sorbonne est à ce titre un cas exemplaire, témoignant de la mise en place d’une politique inédite, prenant pour cible la population universitaire (étudiantEs, personnel BIATOSS, personnel enseignant), au nom de la préservation de l’intégrité des « biens et des personnes » du site. Véritable laboratoire d’un nouvel assujettissement académique, la Sorbonne est soumise à un quadrillage sécuritaire ayant pour but de neutraliser et d’épuiser le mouvement de contestation qui s’y déploie depuis plus de deux mois. Depuis plusieurs semaines, donc, la communauté universitaire entre à la Sorbonne sous haute surveillance : accueillie par une haie inquiétante – à l’extérieur, les gardes mobiles et/ou les CRS, à l’intérieur, les agents de sécurité du Rectorat et les agents privés de Centaure Sécurité.

    Si la Mairie de Paris est bien propriétaire de la Sorbonne depuis 1852, en revanche c’est la Chancellerie – le Rectorat de Paris – qui a la charge de la gestion du lieu et des bâtiments. Elle fait ainsi appel à des entreprises privées de sécurité pour seconder les appariteurs (rattachés aux universités), les pompiers, comme ses propres agents de sécurité assermentés. Au moins depuis les évènements de mai 1968, les ministres de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche ont toujours rechigné à envoyer les forces de maintien de l’ordre dans l’enceinte même des établissements relevant de leur autorité. Depuis plusieurs années, à cette règle de prudence (et, tacitement, de droit) s’est substituée une nouvelle philosophie sécuritaire dont l’objectif est tout autant le contrôle de la communauté universitaire, et plus particulièrement de la population estudiantine réputée particulièrement délicate à gouverner, que la production d’un nouvel assujettissement académique, au nom de la « prévention des risques ».

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