• Luc Chatel, encore un effort pour être vraiment le fossoyeur de l'Éducation nationale! - Mediapart

    La destruction de l'Éducation nationale est un travail de longue haleine. Difficile, les Français lui sont attachés et ont plus ou moins conscience qu'elle accueille l'excellence en son sein ; harassante, les lycéens et les enseignants (parfois aussi les parents d'élève) n'hésitent jamais à exprimer leur mécontentement et à manifester ; exaltante, à coup sûr, quand on pense à l'énergie déployée par les ministres, pensons aux deux derniers, pour masquer leur entreprise.

    Pour comprendre cette tentative qui consiste à désorganiser ce qui, bon an mal an, fonctionne bien, en particulier si on prend en considération les moyens alloués, la tentation est bien entendu grande d'en rester à l'économie, à la suppression de postes sur fond de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux. Après tout, l'heure est au gain de productivité comme le précise sans fausse pudeur le projet de loi de finances 2010. En un tour de passe-passe (la réforme de la formation des enseignants), l'allongement du temps d'enseignement pour les professeurs stagiaires, plusieurs milliers de postes disparaissent. Mais si l'on veut bien s'inscrire dans un temps plus long, toutes ces réformes témoignent d'un attachement à une entreprise beaucoup plus ambitieuse.

    Laissons de côté l'affaire bien connue du "rôle positif de la colonisation française" (article 4 de la loi du 23 février 2005). Trop explicite, cette injonction faite aux enseignants a simplement eu pour effet de révéler à tous ceux qui voulaient bien la voir la volonté des gouvernants d'instrumentaliser l'enseignement. Il a donc fallu en revenir au travail discret, aux commissions et autres enquêtes visant à démontrer l'inadaptation de l'Éducation Nationale.

    Habituée de la scène médiatique, et depuis longtemps, l'enseignement des sciences économiques et sociales a été particulièrement choyé. Les travaux de la commission Pochard ont du reste donné lieu à des déclarations méritant l'immortalité. Michel Rocard, membre de la dite commission, déclare ainsi (sic) : "Puisque apparemment cet enseignement est assez largement fait pour dégoûter les élèves de la libre entreprise, du marché, de l'entreprise elle-même et de pas mal d'horreurs. Tout ça qui est assez stupide et qui est un des constituants du blocage dans sa forme d'aujourd'hui". Il pointe de même un peu plus loin "le manque d'une dimension de compréhension réaliste de l'économie pratique". Réalisme, pragmatisme, bref, les faux nez habituels de l'idéologie.

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