• Vincent Geisser : “Les fantasmes sur l’islam ont déréglé la machine sécuritaire du CNRS” - Telerama

    Le conflit qui oppose le chercheur spécialiste de l’islam, Vincent Geisser, à l’ingénieur Joseph Illand, chargé du contre-espionnage au CNRS, a rebondi en commission de discipline, le 29 juin dernier. Douze heures d’auditions pour parler sécurité et liberté d’expression des chercheurs. Après l’interview de Joseph Illand dans “Libération”, Vincent Geisser s’explique à son tour.

    Télérama : Le conflit qui vous oppose à Joseph Illand, le fonctionnaire chargé du contre-espionnage au CNRS dure depuis plusieurs années : vous lui reprochez d’avoir surveillé vos écrits et d’avoir constitué « un dossier complet sur vos activités publiques ». De son côté, il vous attaque pour un mail dans lequel vous l’accusiez d’être « un idéologue qui traque les musulmans et leurs amis comme à une certaine époque, on traquait les juifs et les Justes »… La commission de discipline du CNRS, qui s’est réunie le 29 juin dernier, vous a-t-elle sanctionné ? 
    Vincent Geisser : 
    Non, et certains journaux ont mal rapporté l’information. La commission, composée pour moitié de directeurs de recherche désignés par la direction du CNRS et pour l’autre moitié de chercheurs élus ou représentants syndicaux, a mis aux voix le principe d’un avertissement (sans inscription au dossier). Cinq voix se sont prononcées en faveur de cet avertissement – le plus faible niveau dans le degré des sanctions –, cinq voix contre. La commission étant donc dans l’incapacité de proposer une sanction à la direction du CNRS, elle n’a pas émis d’avis. Le dossier est désormais entre les mains du directeur du CNRS ; j’ignore quand il va statuer.

    Vous avez comparu douze heures devant la commission de discipline. Que retenez-vous de cette séance marathon ? 
    J’avais l’impression de faire face à une réunion de collègues davantage qu’à un tribunal, même si deux ou trois chercheurs – les plus jeunes – se sont pris au jeu et ont endossé le rôle de procureurs.
    Le mail et les propos injurieux qu’on me reprochait n’ont pas été longtemps au centre des débats, car mon avocat, Michel Tubiana, a vite démontré qu’il s’agissait d’une correspondance privée. J’avais envoyé ce courriel au comité de soutien d’une jeune allocataire de recherche de Toulouse, licenciée parce qu’elle portait le voile. Ce mail a été mis en ligne à mon insu, puis retiré, quelques jours plus tard, sur mon intervention. 
    Joseph Illand dit en avoir eu connaissance grâce « à ses amis de la DST de Toulouse »… ce qui a fait rire l’assemblée. 

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