• Deuxième étape de la loi, le transfert de propriété donnerait aux facultés de nouvelles marges de manœuvre.

    En plein centre-ville de Clermont-Ferrand, les bâtiments d'époque Art déco de l'université de droit et de sciences économiques sont «splendides», affirme le président de l'université Clermont-I, Philippe Dulbecco. Mais parce qu'ils sont en mauvais état, «nous ne les optimisons pas», regrette-t-il. S'il jouissait de leur propriété - aujourd'hui détenue par l'État, il les rénoverait et les louerait pendant les vacances ou les week-ends pour y organiser «des manifestations, des foires, des congrès ou des conférences». «L'argent récolté inaugurerait une spirale vertueuse et nous permettrait d'assurer une maintenance bien meilleure qu'aujourd'hui», affirme-t-il. L'université de Clermont-Ferrand-I fait partie des huit premières (Poitiers, Toulouse-I, Cergy, Corte, Paris-VI, Avignon, Marne-la-Vallée) qui réclament la dévolution de leur patrimoine immobilier à l'État.

    Lors d'une réunion organisée cette semaine au ministère de l'Enseignement supérieur sur le sujet, Valérie Pécresse leur a rappelé que cette dévolution, même si elle restait facultative, constituait «l'étape II de l'autonomie», après l'autonomie financière dont vingt universités se sont déjà saisies en janvier dernier. Aujourd'hui, les présidents d'université ont toutes les obligations du propriétaire mais n'ont aucun avantage, puisqu'ils ne peuvent pas vendre. Propriétaires, ils pourront planifier la gestion de leur patrimoine, acheter, louer et recourir au financement par emprunt. Ils bénéficieront des ressources dégagées à l'occasion de ventes, même si ces opérations sont aujourd'hui marginales.

     

    «Pas de cellule immobilière»

     

    Pour le moment, affirme la ministre, «les universités sont des occupants sans titre. Elles ne seront pas réellement autonomes si elles ne sont pas propriétaires de leur patrimoine». La gestion des quelque 13,5 millions de m² des universités appartenant à l'État n'est pas exempte de reproche. «Lorsque je suis arrivée au ministère, il n'y avait même pas de cellule immobilière !», s'étonne la ministre. La situation de ce patrimoine reste «préoccupante», selon un rapport de la Cour des comptes, datant de février : le tiers des locaux apparaît au mieux comme vétuste, 15 % étant considérés comme inadaptés à l'enseignement.

    la suite: http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/05/30/01016-20090530ARTFIG00081-ces-universites-qui-reclament-la-propriete-de-leurs-locaux-.php 


  • En phase d'épuisement, le conflit qui opposait depuis trois mois les universitaires au duo Sarkozy-Pécresse s'avère un puissant révélateur des errements médiatiques et politiques qui travaillent la société française, et de l'épuisement de la société de la connaissance, transformée en machine à produire des résultats.

    La désastreuse victoire  que le duo Sarkozy-Pécresse est en passe de remporter dans le conflit qui l’oppose depuis plus de trois mois aux universitaires et aux étudiants ne laisse pas d’étonner. Comme le jusqu’au-boutisme désespéré, le nihilisme « suicidaire », dont le Figaro crédite le dernier carré des Astérix de la culture. Cette victoire mérite que l’on s’interroge sur les conditions de sa possibilité. 

    Car en réalité, au-delà de l’affrontement politique, ce conflit gravissime à plus d’un titre et son issue prévisible apparaissent comme de précieux indicateurs des changements qui travaillent la société française, des indices de la mutation civilisationnelle en cours dans les pays développés. Comme l’a été d’ailleurs l’accession au pouvoir de Sarkozy lui-même. Sans ces changements, ils n’eussent pas été possibles.


    UN SILENCE ASSOURDISSANT

    De ce travail souterrain, ce sismographe rudimentaire que constitue le monde des médias (presse écrite et audiovisuelle), n’a rien perçu ni rien enregistré. A de très rares et timides exceptions près, un silence assourdissant a enveloppé un mouvement d’une ampleur et d’une durée exceptionnelles. Silence cependant rompu régulièrement par la reprise servile des communiqués ministériels  et ponctuellement par la dénonciation éventée du rôle de l’extrême gauche dans la radicalisation du conflit.

    Les « raisons » invoquées de ce silence ? La méconnaissance par les médias, censés s’informer pour informer, du monde universitaire et de ses valeurs, de la complexité de la réforme, la lutte pour le pouvoir symbolique entre deux institutions concurrentes mais également déclinantes. Et, réalité ou (et) fantasme, l’auto-censure envisagée comme une conséquence de la complicité politique entre les médias et le pouvoir.

    Tout cela a joué, sans aucun doute, mais on ne prendra guère de risques à supposer que les médias ont à leur habitude avancé au feeling. Guidés par une intuition : le pressentiment que l’essentiel se joue désormais ailleurs. Le vieux monde qui n’en finit pas de mourir agace dans son agonie même, mais il serait inélégant d’objecter aux cris du moribond ou de hâter sa fin en l’étouffant sous les oreillers. 

    Pour le dire vite, domine au fond la conviction que tout le monde s’en fout. Pour la presse, un chien vivant, fût-il écrasé, vaudra toujours mieux qu’un lion mort. Même si le prochain cadavre, comme il est plus que probable, devait s’avérer être celui de la presse elle-même tant elle met de zèle imbécile à se suicider N’était sa fonction démocratique, on savourerait presque l’application obtuse avec laquelle la presse écrite toujours inspirée, s’efforce de scier la branche sur laquelle elle est assise : naguère elle brocardait ces Cassandre qui alertaient sur le recul de la lecture. Aujourd’hui, elle constate effarée qu’on ne lit plus, ou si peu, les journaux et que l’information elle-même, quel que soit son support, « intéresse » de moins en moins. Amis journalistes, encore un effort ! Le pire est à venir. 

    La suite ici: http://www.marianne2.fr/Au-bout-du-mouvement-des-facs,-le-cadavre-du-savoir_a179966.html 


  • Appel aux candidats, partis politiques, collectifs et citoyens pour que la campagne des élections européennes pose enfin la question de l'enseignement supérieur et de la recherche. Loin des bonnes intentions et lieux communs habituels, dix questions posées aux candidats par Sauvons l'université.

    Aujourd'hui, nous, universitaires français, excédés par plusieurs mois de manipulations et par le processus de destruction des savoirs et de nos métiers, le mépris souverain de nos gouvernants pour la formation de citoyens éclairés et pensants, nous demandons aux candidats aux élections du Parlement européen du 7 juin de prendre clairement position contre le dévoiement des missions de l'université, dissimulé sous une novlangue managériale incompatible avec un véritable enseignement et une véritable recherche.

    Dans le processus de Bologne, l'Europe s'est engagée à développer ce qu'elle a appelé «la société de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde», en réalité la seule «économie de la connaissance». Pour cela, l'Europe a choisi d'appliquer les techniques managériales de gestion et d'évaluation aux secteurs de l'enseignement supérieur et de la recherche, la «méthode ouverte de coordination» (MOC). Cette méthode confère un rôle primordial aux conseils intergouvernementaux, à la Commission européenne dans la définition des orientations et les processus de décision, mais en exclut le Parlement et la Cour de Justice. Est-il acceptable que de telles questions échappent à la représentation populaire européenne ?

    L'application des techniques managériales à la gestion de toutes les structures d'enseignement et de recherche conduit ainsi à l'instrumentalisation de la notion de«connaissance» dans une perspective purement économiciste. Sous couvert d'harmonisation, elle tend à l'uniformisation des structures universitaires pour les mettre en concurrence, au détriment des formations. Fondée sur le benchmarking (la production infinie d'étalons jamais atteints de compétitivité), la politique mise en oeuvre asservit les gouvernements. Elle conduit à des analyses infondées et promeut des processus d'évaluation insensés.

    La démocratisation de l'accès à l'enseignement supérieur, l'idée même que nous nous faisons de la recherche sont aujourd'hui en conflit avec la construction d'un «marché européen de la recherche et de l'innovation». Nous ne pouvons laisser à l'idéologie du marché - qui détermine la refonte de l'enseignement supérieur et de la recherche au niveau européen - le soin de définir ce que sont l'accès démocratique au savoir, la transmission des connaissances et la recherche véritable. Nous le pouvons d'autant moins que cette idéologie a déjà montré ses effets destructeurs sur l'organisation, les conditions et la qualité du travail ainsi que la créativité.

    La principale caractéristique des «réformes» adoptées, en France comme ailleurs, dans le cadre de ce «processus de Bologne» est de se faire sans, voire contre, la communauté universitaire. À cet égard, la situation française est une caricature d'imposition par le haut d'une transformation radicale jamais formulée pour ce qu'elle est, alors même que la méthode de coordination est dite «non contraignante».

    La suite ici: http://www.mediapart.fr/club/edition/les-invites-de-mediapart/article/270509/quelle-europe-pour-l-universite 


  • Le président de l'université de Toulouse-II Le Mirail, Daniel Filâtre, a décidé de reporter à septembre la session d'examens programmée en juin, en raison de la grève qui paralyse l'établissement depuis 3 mois, a-t-il annoncé mercredi dans un commmuniqué.

    La décision doit encore être entérinée par le conseil d'administration de l'université, qui se réunira en session extraordinaire le 2 juin, a précisé l'université.

    Les étudiants ont voté mardi en assemblée générale le maintien des piquets de grève jusqu'au 2 juin.

    "Malgré les propositions et les demandes formulées par la présidence, l'ouverture du campus n'a pas été obtenue (mercredi) matin, ce qui rend impossible (...) l'organisation de la session de juin. La première session des examens est reportée au mois de septembre", a dit M. Filâtre dans un communiqué.

    "Le conseil d'administration devra avaliser cette décision. Nous, entre-temps, on va faire une proposition qui serait beaucoup plus acceptable et qui ne pénaliserait pas la majorité des étudiants", a déclaré Côme, un des porte-parole du comité de lutte de l'université du Mirail.

    Les étudiants les plus radicaux, a-t-il souligné, demandent "une validation automatique du second semestre", ce que refuse catégoriquement le président de l'université qui proposait une session d'examens sur la base du "programme révisé" du second semestre. Le syndicat étudiant Unef plaide, de son côté, pour que les examens "portent sur le contenu du 1er semestre".

    Dimanche, le président de Toulouse-II avait adressé un ultimatum aux étudiants, leur demandant de lever les piquets de grève pour que les cours puissent reprendre mercredi, faute de quoi il ne serait pas possible d'organiser les examens avant l'été.

    Source: http://www.ladepeche.fr/article/2009/05/27/613084-Mirail-Le-president-decide-le-report-des-examens-de-juin-a-septembre.html 



  • Dans le cadre des auditions sur l'enseignement supérieur et la recherche du PS, des verts et du PC, les partis de gauche recoivent Lionel COLLET, Président de la CPU 

    Lionel COLLET
    , Président de la CPU, considère que la crise que nous connaissons actuellement relève de quatre dossiers majeurs :

     

     

    • L’emploi dans l’enseignement supérieur ;

    • La modification du décret de 1984 relatif aux enseignants chercheurs ;

    • La réforme de la formation des maîtres ;

    • La question globale de la recherche.

    La crise a pris de l’ampleur pour plusieurs raisons :

     

    • Un mauvais calendrier et un mauvais timing ;

    • Une absence caractérisée d’écoute des interlocuteurs et des métiers ;

    • L’idée selon laquelle la loi LRU risque de conduire à un désengagement de l’Etat ;

    • Enfin, l’annonce de la suppression de 225 emplois dans les universités, initiative malheureusement symbolique.

     

     

    À partir d’un tel contexte, nous avons assisté à une inflation de revendications et au développement d’une situation tendue et grave. Cette situation est en même temps circonscrite à un certain nombre d’universités et donc hétérogène sur le territoire. A noter que les étudiants sont relativement peu engagés dans le mouvement qui est d’abord celui des personnels et des différents corps de métiers au sein de l’université.

    Lionel COLLET indique que sa première initiative de nouveau président de la CPU a consisté à alerter directement le Président de la République dès le 5 janvier de la gravité et de l’ampleur du mouvement en gestation.

    Aujourd’hui, la situation paraît relativement bloquée, même si des négociations sont engagées sur la modification du décret de 1984 qu’il faut dépasser, ainsi que sur la réforme de la formation des maîtres. La CPU estime que l’idée de réformer de toute urgence les conditions de formation des maîtres n’était pas indispensable et que tout s’est fait dans une précipitation inutile. En revanche, la Conférence des Présidents d’Universités considère que le décret de 1984 doit être profondément transformé, car le métier a réellement changé.

    Interrogé sur son sentiment concernant la loi LRU de l’été 2007, Lionel COLLET estime que le noyau dur de cette loi, fondée sur la déconcentration de la gestion des universités, doit être préservé. En revanche, il se dit ouvert à de profondes évolutions du modèle de gouvernance des établissements qui, selon lui, n’est pas satisfaisant. En tous les cas, il se déclare prêt à des évolutions de la loi LRU dans ce domaine particulier, proposant par exemple que chaque président d’université ne soit en charge que de l’administration de celle-ci.

    Par frederic.degournay


    La suite ici: http://www.mediapart.fr/club/edition/consultation-ps-pc-verts-sur-l-enseignement-superieur-et-la-recherche/article/270509/un 





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