• D'emblée, Nicolas Sarkozy a fait une boulette dans les salutations de son discours tenu ce matin à Supélec, pour ses voeux à l'Education nationale et à la recherche. Un oubli qui soulève déjà des réactions.

     
    Il n'oublie pas les recteurs, ni les députés... il cite les enseignants, puis les enseignants-chercheurs (les universitaires) et, patatras, il oublie les chercheurs. Autrement dit, dans le langage convenu, connu par coeur de tout responsable politique s'occupant de la recherche - et on peut le parier de ceux qui ont écrit ce discours - ceux qui sont embauchés par le Cnrs, l'Inserm et autres organismes de recherche sur un contrat de chercheur à temps plein. Et si ces chercheurs participent très souvent à l'enseignement supérieur, donnant des cours à l'Université et en Grandes Ecoles, encadrant souvent des thèses, c'est en grande partie leur mode de recrutement - sur des concours à l'échelle nationale ouverts à tous les candidats de toutes nationalités - et à leur statut permettant de se consacrer à plein à la recherche scientifique qui a permis à la France de tenir son rang dans la compétition internationale. Un statut et un volume d'emplois de ce type que seule l'action vigoureuse du monde de la recherche a permis de sauvegarder.


    Il assez drôle, dans ces conditions, d'entendre Nicolas Sarkozy revenir en fin de discours sur le Cnrs, l'Inserm, le CEA, pour souligner à quel point ils ont permis à la France de jouer un rôle majeur en science et en recherche fondamentale. Enfin, drôle, certains riront jaune... D'ailleurs, il a lourdement insisté : «les organismes de recherche doivent faire évoluer leurs missions,» pour accompagner les universités dans leur action. Et participer au transfert de technologies pour l'économie.


    Nicolas Sarkozy voit d'ailleurs un seul «petit groupe de pays capables de rester en tête de cette compétition mondiale» à la puissance économique... un rêve dépassé, irrémédiablement. L'époque où le savoir de pointe, source de surpuissance technologique et industrielle, voire militaire et politique, pouvait être confisqué par un petit groupe de pays est révolu, définitivement. Il faut penser coopération et non une concurrence mortifère, où si certains gagnent d'autres perdent, en matière de savoirs et de technologies, en particulier pour faire face aux défis du climat, du développement sur une Terre aux ressources finies.



    La suite ici: http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2010/01/sarkozy-oublie-les-chercheurs-à-temps-plein.html 


    La vidéo du discours ici: http://www.education.gouv.fr/cid50207/voeux-de-nicolas-sarkozy-au-monde-de-l-education.html

  • Ces derniers temps on a beaucoup entendu de protestations contre le projet de la mastérisation tel qu’il est proposé par les ministères concernés. En particulier l’année en alternance rémunérée de fonctionnaire stagiaire est décalée d’un an, ce qui porterait atteinte à la démocratisation du métier d’enseignant. En effet, nous l’avons évoqué dans notre dernier billet (ici), les études longues ne sont guères fréquentées par les élèves issus de milieux modestes. Mais on peut aussi se poser la question suivante : le système actuel est-il socialement juste ?

    Facteur de pression du concours. Nous en avons déjà parlé sur ce blog (ici). On rappelle que le taux de succès est d’environ 15 % en moyenne (pourcentage pris sur le rapports des lauréats/présents au concours). C’est donc un concours plus sélectif que celui de médecine. La grande différence est que celui là est positionné à bac+4, ce qui ne laisse plus beaucoup d’options pour travailler une réorientation en cas d’échec.

    Un concours à bac+4 ? Intéressons-nous au niveau des lauréats aux concours du CAPES. D’après les statistiques du ministère de 2008 (ici), 36,6 % des étudiants ont le niveau licence (qui est le niveau exigé), 45,3 % sont titulaires d’une maîtrise et pas loin de 10 % ont un diplôme à bac+5. Ce concours accessible aux bac+3 est donc majoritairement gagné par des candidats ayant en poche un diplôme bac+4. Ces mêmes statistiques nous indiquent également que 46 % des candidats retentent leur chance en cas d’échec. Le taux d’échec des licences est imputable à la forte pression sur ces concours, il faut souvent retenter sa chance plusieurs fois. Les masters actuels sont parfois ainsi transformés en « salle d’attente » car l’embouteillage est impressionnant, pour la plus grande joie des universitaires qui voient ainsi leurs masters recherche se remplir … par des gens qui ne veulent pas faire de recherche mais préparer les concours …


    la suite ici: http://rachelgliese.wordpress.com/2010/01/11/masterisation-9-l’age-des-laureats-du-concours-actuel/ 

  • Nicolas Sarkozy refuse de contraindre les grandes écoles à recruter un quota minimal d'étudiants boursiers lors de leurs concours d'entrée. "La solution n'est évidemment pas l'instauration autoritaire de quotas de boursiers à l'entrée de chaque institution", devait déclarer, lundi 11 janvier en fin de matinée, le chef de l'Etat venu sur le plateau de Saclay (Essonne) sur le campus de l'Ecole supérieure d'électricité (Supélec), présenter ses vœux au monde de l'éducation et de la recherche.

    "Je n'accepterai jamais un système où certains candidats seraient reçus à un concours pour la seule raison qu'ils sont boursiers – au détriment d'autres candidats plus méritants et plus travailleurs", devait-il préciser selon le texte écrit de son discours.

    Pierre Tapie, président de la conférence des grandes écoles (CGE), avait contesté, fin décembre, l'idée d'instaurer de tels quotas, invoquant le risque de baisse de niveau. Sa position avait suscité une vive polémique.

    M. Sarkozy persiste dans son ambition : avoir 30% d'élèves boursiers "dans chaque grande école". Cette précision revient à exiger une diversification, y compris dans les écoles les plus élitistes qui comptent entre 10 % et 15 % d'étudiants boursiers. Pour "élargir la base sociale" de leur recrutement et "les ouvrir à de nouvelles formes de talents", il propose que l'on "diversifie les modes d'accès aux grandes écoles". Il veut "augmenter considérablement le nombre de places pour les bacheliers technologiques dans les écoles d'ingénieurs, dans le cadre d'un concours spécifique. Il faut également développer de façon significative les admissions parallèles – destinées aux étudiants non issus des classes préparatoires". Admissions parallèles et concours spécifiques existent.


    La suite ici: http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/11/m-sarkozy-veut-des-grandes-ecoles-pour-tous-mais-sans-quota_1289952_3224.html#xtor=RSS-3208 

  • Le chef de l'Etat présente aujourd'hui ses voeux aux enseignants et chercheurs sur le campus de Supélec. L'occasion de dresser un bilan des réformes dans les universités et de revenir sur le délicat débat sur les grandes écoles.

     
    L'an passé, il avait créé la surprise avec un discours riche en annonces et un casting de choc (Richard Descoings et Martin Hirsch), sans parvenir à faire oublier les clameurs hostiles des manifestants. Cette année, Nicolas Sarkozy n'ira pas à Saint-Lô (Manche) adresser ses voeux aux enseignants et aux chercheurs. Le président de la République a choisi ce matin un lieu d'apparence plus tranquille, mais hautement symbolique : l'école d'ingénieurs Supélec, située sur le plateau de Saclay. Un territoire qui lui est cher puisqu'il ambitionne d'y faire émerger une nouvelle Silicon Valley à la française. Nul doute également que sa ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, tête de liste aux régionales en Ile-de-France, appréciera le coup de pouce que constitue sa venue sur ses terres électorales à trois mois des élections.
    « Des campus d'excellence »


    Il s'adressera à l'ensemble du monde éducatif et, s'il n'a pas forcément prévu de faire des annonces cette fois-ci, le chef de l'Etat pourrait mettre l'accent sur l'enseignement supérieur. L'année 2009 a été mouvementée dans les universités ; elle a aussi été riche en réformes (autonomie, plan campus…). 2010 s'annonce également comme une année de changements, puisque la cagnotte du grand emprunt (11 milliards, dont 8 consomptibles) doit servir à encourager « une dizaine de campus d'excellence ».
    Plus que sur les universités, c'est cependant sur le sujet des grandes écoles que le chef de l'Etat est attendu, après la polémique de ces derniers jours. Le refus de la Conférence des grandes écoles (CGE) d'intégrer 30 % de boursiers dans chaque école, par crainte d'une baisse de leur niveau, a suscité l'indignation générale, jusque dans les rangs ministériels. Jeudi, Valérie Pécresse, a réaffirmé son « objectif volontariste de 30 % de boursiers dans les grandes écoles à l'horizon 2012 ». « L'outil du quota  » paraît écarté, mais la barre des 30 % s'annonce malgré tout haute pour les plus prestigieuses d'entre elles (Mines, Polytechnique, HEC, Essec…), qui plafonnent à moins de 15 % de boursiers.

     
    La CGE est sous pression, d'autant que certaines écoles s'apprêtent à passer des contrats avec le ministère, qui, en contrepartie de son soutien, leur fixera des objectifs en matière d'ouverture sociale. Ecoles et ministère signeront bientôt une charte sur l'égalité des chances prévoyant la généralisation de la gratuité des concours pour les boursiers (certaines écoles d'ingénieurs ne la pratiquent pas encore) et l'ouverture de classes préparatoires supplémentaires. Ce pourraient être des «  p répa plus, avec un accompagnement supplémentaire des étudiants boursiers, des classes préparatoires technologiques ou en zone rurale », a précisé Valérie Pécresse vendredi.



    La suite ici: http://www.lesechos.fr/info/france/020304903798-grandes-ecoles-nicolas-sarkozy-s-invite-dans-le-debat.htm 

  • Depuis 2006 et la fronde anti-CPE, l'université n'a jamais vécu une année sereine. Chaque génération d'étudiants a dû essuyer plusieurs semaines de blocage. Plus qu'en crise, l'université française est en pleine mutation. Depuis dix ans, on attend qu'elle joue les locomotives de la croissance. Les grandes puissances mondiales l'ont déjà compris, qui poussent la France à voir ses cerveaux comme une machine de guerre économique. Du coup, le gouvernement tente de rattraper le retard en concentrant les moyens sur des pôles d'excellence. D'où l'anxiété des plus petites facultés. Les universités ont réussi le pari de la démocratisation. Le prochain défi sera celui de l'excellence.

    • Malade, l'université ?

    OUI. Elle souffre d'une crise structurelle. Historiquement, l'université s'est construite avec un regard distancié sur le monde, pour le penser. « Dans sa hiérarchie des valeurs, ce sont les recherches qui comptent, pas la pédagogie ! Aujourd'hui, les étudiants ne viennent pas à l'université pour la connaissance scientifique, mais pour trouver un métier ! », pointe Aziz Jellab, sociologue à Lille III. Il faut donc que l'université clarifie ses missions pour professionnaliser ses formations. Les jeunes, touchés par la diffusion du chômage et la montée de l'emploi précaire, donnent en effet priorité aux filières professionnalisantes (IUT, BTS, écoles d'ingénieurs et de commerce) ou sélectives (classes préparatoires, écoles d'ingénieurs ou de commerce), l'université étant devenue un choix par défaut. Dans l'académie, les bacheliers généraux ont ainsi été moins nombreux en 2009 qu'en 2008 à demander l'université en premier voeu (33,77 % contre 35,62 %, la licence restant cependant le premier choix majoritaire). L'université, seul établissement à ne pas sélectionner, entre dans une ère de concurrence, l'offre de formation professionnelle sélective continuant d'augmenter.

    • Toutes les filières sont-elles touchées ?

    NON. Le malaise touche surtout les étudiants des filières de sciences humaines et sociales (langues, lettres, histoire ou psychologie). Ces cursus, touchés par la baisse du nombre de postes ouverts dans les concours de la fonction publique, s'estiment laissés à l'abandon par rapport à ceux de la voie royale des classes préparatoires, des écoles supérieures non universitaires où les étudiants, sélectionnés, ont plus de moyens, sont mieux encadrés et où les débouchés sont plus assurés. Président de Lille I (sciences), Philippe Rollet met en avant les bons taux d'insertion de ses étudiants pour réfuter l'idée d'une « crise pédagogique » de l'université. « Si crise il y a, c'est celle des moyens. » Jean-Claude Dupas, président de Lille III (lettres et sciences humaines), positive : « Lille III évolue. On est en train de repenser les métiers par rapport à la demande sociale. » Les formations se veulent davantage pluridisciplinaires, professionnelles. Objectif ? « Accrocher » le privé. J.-C. Dupas : « L'AERES (agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur) a noté la volonté de l'université d'entretenir un rapport différent avec le monde économique »


    La suite ici: http://www.lavoixdunord.fr/Region/actualite/Secteur_Region/2010/01/11/article_l-universite-est-elle-vraiment-en-crise.shtml