• Six lycéens des Landes – dont quatre mineurs – ont été placés en garde à vue par les gendarmes, le 11 décembre, pour avoir tenté de murer l'entrée de leur lycée en guise de protestation contre la réforme des lycées. Ils ont été remis en liberté, dans la journée, avec en poche des convocations à comparaître devant la justice. La privation de liberté imposée à ces adolescents revêt cependant une portée symbolique, dans une période où la garde à vue «à la française» est contestée par un mouvement de refus qui implique un nombre grandissant d'avocats et de magistrats.
     
    «Nous sommes extrêmement surpris de la mise en garde à vue de six lycéens [...] pour des faits qui certes pouvaient justifier une réponse pénale mais certainement pas le traumatisme d'une garde à vue des adolescents», ont réagi les trois députés (PS) des Landes, Henri Emmanuelli, Alain Vidalies et Jean-Pierre Dufau. «Nous rappelons que le code de procédure pénale précise que la garde à vue doit être strictement limitée aux nécessités de la procédure et proportionnée à la gravité de l'infraction. Manifestement dans cette affaire, on a utilisé une procédure parfaitement disproportionnée», ajoutent les parlementaires. Les députés se disent «extrêmement vigilants sur le respect des libertés publiques, qui ne sauraient être bafouées au nom d'une politique sécuritaire uniquement destinée à faire du chiffre sans répondre à l'attente des Français».
     
    Il est vrai que de récents arrêts de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) viennent remettre en question la garde à vue telle qu'elle est pratiquée en France. «En ce qui concerne l'absence d'avocat lors de la garde à vue, la Cour rappelle que le droit de tout accusé à être effectivement défendu par un avocat, au besoin commis d'office, figure parmi les éléments fondamentaux du procès équitable», relève notamment, après d'autres, un arrêt du 13 octobre 2009, qui a encore été confirmé dernièrement par la juridiction européenne de Strasbourg.
     
    Autant dire que la législation pénale française, en réservant une place quasi inexistante à l'avocat en cours de garde à vue, ne répond plus guère aux exigences de la juridiction européenne qui s'imposent à la France. Dans l'Hexagone, en effet, l'avocat n'a pas accès au dossier d'enquête constitué par la police ou la gendarmerie. Il n'a droit qu'à une courte apparition (une demi-heure au début de la garde à vue, si son éventuel client le demande). Le défenseur ne peut pas davantage assister aux interrogatoires. Et ces droits très symboliques sont encore réduits pour certains dossiers (stupéfiants, bandes organisées ou terrorisme). Pas de quoi, au total, organiser une défense digne de ce nom.
     
    Logiquement, la critique européenne a été relayée par les avocats qui, en France, réclament une plus grande présence de la défense en garde à vue. Au Barreau de Paris notamment, où le bâtonnier Christian Charrière-Bournazel plaide avec force que ces mesures privatives de liberté sont illégales, au regard du droit européen. Et qui recommande aux membres de la profession d'engager des procédures pour que les juges déclarent la nullité des gardes à vue au cours desquelles les intéressés n'ont pas eu suffisamment droit à l'assistance d'un avocat. La contestation a pris de l'ampleur, ces dernières semaines, et une association spécialisée, Je ne parlerai qu'en présence de mon avocat, a vu le jour pour demander l'abolition de la garde à vue sans défenseur.

    La suite ici: http://www.mediapart.fr/journal/france/141209/dans-les-landes-six-lyceens-dans-la-routine-des-gardes-vue 

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    Le conseil de l’UFR04 – Arts Plastiques et Sciences de l’Art – réuni le 10 décembre réaffirme son opposition à la réforme de la formation des maîtres, et exprime sa solidarité avec le Conseil de l’IUFM de Paris.


    Motion adoptée à l’unanimité.


    Le conseil de l'UFR10 - Philosophie - réuni le 14 décembre réaffirme 
    son opposition à la réforme de la formation des maîtres, et exprime sa 
    solidarité avec le Conseil de l'IUFM de Paris.


    Motion adoptée à l'unanimité (une abstention)
     

     

    Motion proposée au conseil d’école de l’IUFM de Paris le 9 décembre 2009

     

    Le conseil d’école de l’IUFM de Paris dénonce le projet destructeur du gouvernement

    concernant la formation et le recrutement des enseignants et s’élève contre le passage

    en force des ministères concernés.

    Il considère

    - que la réforme de la formation et du recrutement des enseignants constitue une

    attaque frontale contre l’ensemble de l’Ecole ;

    - Que la réforme proposée se fait aux dépens des élèves dans les classes et des

    étudiants qui se destinent au métier d’enseignant au nom d’une privatisation du

    Bien Public sous couvert d’économies budgétaires ;

    - Que les étudiants engagés dans la préparation aux concours 2010 font les frais de

    mesures transitoires illusoires ;

    Il réaffirme :

    - son attachement à un réel service public d’éducation pour tous et sur tout le

    territoire ;

    - son attachement à une véritable formation professionnelle initiale en alternance

    et rémunérée, ainsi qu’à une véritable formation continue des enseignants ;

    - son opposition aux projets ministériels présentés le 13 novembre 2009;

    - son opposition à la mise en place de stages en responsabilité dès cette année,

    justifiant pour le ministère l’absence de formation post-concours et conduisant

    les étudiants à assumer des responsabilités qui ne devraient être confiées qu’à

    des fonctionnaires formés.

    Il exige

    - l’abrogation des décrets de juillet 2009 et l’abandon de cette réforme de la

    formation et du recrutement des enseignants. Une toute autre réforme est

    possible, en concertation avec les acteurs concernés et dans l’intérêt des élèves ;

    - un recrutement de fonctionnaires statutaires, de la maternelle à l’université, par

    concours et à hauteur des besoins, selon un plan pluriannuel de recrutement ;

    - que les étudiants engagés dans la préparation aux concours 2010 bénéficient

    d’une année pleine et entière de formation pédagogique en alternance, la

    prochaine année universitaire pour les candidats admis et que les étudiants non

    admis puissent se représenter aux concours les prochaines années.


    Le reste des motions votées et communiqués sur le sujet en France ici sur le site de FABULA: http://www.fabula.org/actualites/article34286.php
    .

     


  • Les textes réglementaires de la réforme de la formation des enseignants seront finalement présentés au Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche 19 décembre 2009, quelques jours après ceux de la réforme du lycée. Près d’un an de «consultations», pour choisir au final «la pire des solutions» selon Jacques Ginestié, directeur de l’institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) d’Aix-Marseille. La réforme prévoit le recrutement des professeurs au niveau master 2 (bac plus cinq) et de confier la formation aux universités via des masters.
     
    Jusqu’ici tout va bien, mais c’est sur la date, jugée trop tardive dans le cursus, des concours de recrutement et leur manque de contenu professionnel, que les syndicats tiquent. Les épreuves d’admissibilité auront désormais lieu en master 2 (en septembre pour les futurs professeurs des écoles, en décembre pour le Capes et au printemps pour les agrégés) et porteront uniquement sur les savoirs scientifiques et non sur les compétences pédagogiques des étudiants. Formateur à l’IUFM d’Aix-Marseille depuis sa création en 1991, Jacques Ginestié a un regard très critique sur ces structures. «Si l’université est le lieu où on enseigne les savoirs créés par la recherche, alors les IUFM n’ont pas rempli leur mission», estime-t-il. Mais aujourd’hui, il voit dans la réforme la victoire d’une certaine droite qui préfère «former les élites plutôt que des citoyens». 


    Un an après le report partiel de la réforme de la formation des enseignants, y a-t-il eu des progrès dans les textes présentés le 13 novembre 2009 aux syndicats? 
    Jacques Ginestié. Nous en sommes à peu près au même point qu’au mois de décembre de l’an dernier. Tout ce qui s’est passé depuis un an n’a pas servi à grand-chose. L’espoir derrière la masterisation était que la formation serait plus équilibrée entre savoir disciplinaire et rôle du professeur. Mais le gouvernement a créé quelque chose d’encore plus aberrant que les IUFM. Les étudiants de master 2 devront courir quatre lièvres à la fois: préparer des concours de l’enseignement hypersélectifs, mener une recherche débouchant sur un mémoire, préparer un master disciplinaire qui, explicitement, ne prépare pas aux concours de l’enseignement et se former professionnellement au cours en faisant des stages. Il y a peu de chances pour que les aspects professionnels soient couverts! Des gens qui ne sont pas formés professionnellement ne peuvent pas être opérationnels dès le premier jour. Or c’est ce qui va se passer: on va confier l’enseignement à des fonctionnaires qui découvriront le métier en même temps que leurs élèves.



    La suite ici: http://www.mediapart.fr/journal/france/041209/jacques-ginestie-des-enseignants-qui-decouvriront-le-metier-en-meme-temps-que- 

  • Sur le site aixois de l'Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) d'Aix-Marseille, les étudiants sont les premiers à critiquer la formation actuelle, jugée trop théorique.  «On a passé la matinée à analyser des manuels mais ça ne me dit rien sur comment je vais m'en servir demain dans ma classe, témoigne Emmanuelle, 24 ans, une professeur des écoles stagiaire. Il y a un décalage entre ce qui se passe sur le terrain – on est presque tous en ZEP – et des formateurs qui, pour certains, n'enseignent plus depuis longtemps.»
     
    Certains préparent les concours de l'enseignement 2010 – c'est la dernière année qu'ils pourront les passer à bac plus trois, après la masterisation, ce sera bac plus cinq. Les autres, reçus aux concours 2009, comme Emmanuelle, sont fonctionnaires stagiaires, un tiers du temps devant une vraie classe et les deux autres tiers sur les bancs de l'IUFM pour apprendre le métier d'enseignant. Une année, rémunérée, qui sera supprimée par la réforme dès la rentrée 2010.
     
    Beaucoup d'enseignants stagiaires ont l'impression d'avoir été parachutés dans une classe sans avoir les moyens pour faire face. «Les professeurs stagiaires sont très en demande d'outils et de pratique, confirme un autre instituteur stagiaire, Pascal Pons, 26 ans. Moi, ça va car j'ai fait de l'animation avant mais leur préoccupation immédiate va être: comment gérer le groupe classe et éviter qu'il ne parte en sucette?» «On ne nous donne pas forcément les outils», dit encore Aurélie, elle aussi institutrice stagiaire.
     
    Mais, loin de répondre à ces attentes, la réforme de la formation des enseignants va selon eux accentuer le problème. «Ce qui nous apporte le plus, c'est quand les maîtres formateurs viennent dans notre classe et qu'ensuite on analyse ensemble ce qui s'est passé», estime Emmanuelle. «Or, comme ça va maintenant passer par les universités, on va encore moins privilégier les stages et la pratique.»
    C'est la dernière année que les candidats passeront les concours à bac plus trois.© Louise Fessard
    En dernière année de master, les étudiants devront désormais préparer un mémoire, suivre les cours d'un master 2 classique (mathématiques, lettres modernes, etc.), et se préparer à un concours, lui aussi très disciplinaire. «Tout ça dans la même année avec des gens qui travaillent et qui font des stages!», souligne Matthias Perez, 25 ans, qui prépare le Capes d'histoire-géographie. 
     
    Les épreuves d'admissibilité sélectionneront «les élèves ayant le meilleur niveau scientifique dans la ou les disciplines concernées», précise bien le diaporama présenté le 13 novembre 2009 aux syndicats par le ministère de l'éducation nationale. Cette année de master 2 laissera donc peu de place à une formation professionnelle, réduite à des modules complémentaires qui devront, eux-mêmes, rester assez généralistes pour «permettre (aux étudiants) d'ajuster leur choix professionnel final, éventuellement en dehors de l'enseignement». L'obsession de Valérie Pécresse et Luc Chatel semble avoir été d'imaginer des masters assez éloignés des métiers de l'enseignement pour ménager un maximum de portes de sortie aux étudiants qui échoueront au concours.
     
    «Mais à quoi bon un master, s'il ne sert à rien!», s'exclame une étudiante. Et, pour ceux qui réussiront les concours, seulement un tiers de l'emploi du temps de leur première année d'enseignant «sera consacré à parfaire leur formation professionnelle». 
     
    Les stages sont eux aussi réduits à la portion congrue. Six semaines de stage en responsabilité – facultatives et payées 3000 euros – seront proposées au cours de l’année de master 2. Mais les étudiants ne savent pas quel retour ils auront sur ce stage au sein de la future formation prise en charge par l’université. «La pédagogie et la didactique, ça part d’une confrontation des expériences et des représentations, ça peut difficilement s’apprendre en amphithéâtre avec un maître de conférences qui n’a jamais été sur le terrain, estime Pascal Pons. S’il s’agit seulement de faire un stage pour faire un stage, sans sortir la tête du guidon et analyser avec quelqu’un d’extérieur les situations vécues, ça ne sert pas à grand-chose.»
     
    Pour Matthias Perez, «la visée de ces stages est avant tout économique: il s’agit de nous faire remplacer des professeurs, sans avoir eu la moindre formation pédagogique». Il déplore également la disparition de l’année rémunérée de fonctionnaire stagiaire. «C’était une année qui était payée et maintenant ça va être de notre poche», dit-il. «Il va y avoir une sélection sociale accrue.» Et Pascal Pons de conclure: «Le problème transversal, c’est la vision que le gouvernement a de l’enseignement: le prof parle, les élèves écoutent.»
    En dernière année de master, les étudiants devront désormais préparer un mémoire, suivre les cours d'un master 2 classique (mathématiques, lettres modernes, etc.), et se préparer à un concours, lui aussi très disciplinaire. «Tout ça dans la même année avec des gens qui travaillent et qui font des stages!», souligne Matthias Perez, 25 ans, qui prépare le Capes d'histoire-géographie. 


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  • Enseignement supérieur et formation, recherche, industrie et PME, numérique, développement durable: le chef de l'Etat a détaillé ce matin les orientations du grand emprunt, qu'il a chiffré à 35 milliards d'euros de financements publics. Les principales annonces.
    Etrennes avant l’heure. Nicolas Sarkozy dévoilait les domaines d'affectation du grand emprunt, sur la base du rapport remis par la commission Alain Juppé-Michel Rocard. Une enveloppe globale de 35 milliards d’euros de financements publics, qui devrait générer, selon le président de la République, quelque 60 milliards, au total, d'investissements publics et privés.
     
     
    «Investissement», mot clé, ce lundi matin, répété par le chef de l’Etat qui a déploré la «faute» commise par ses prédécesseurs, d’avoir «constamment sacrifié l’investissement». Mais anticipant les critiques sur le risque d’un alourdissement du déficit, déjà record, de la France – «ceux qui me reprochent aujourd’hui les déficits, indiquaient il y a huit mois que le plan de relance était insuffisant, pas à la hauteur» –, Sarkozy a annoncé parallèllement sa volonté de soumettre à un régime strict Etat et collectivités territoriales, convoquant une conférence sur le sujet, dès janvier.

    Enseignement supérieur et formation: 11 milliards
    A côté du plan campus (5 milliards d’euros) destiné à rénover le parc immobilier, il y aura une autre enveloppe dans le cadre du grand emprunt consacré à tout «l’immatériel», comme le recrutement des meilleurs chercheurs. «Nous avons un objectif: avoir les meilleures universités du monde», ambitionne Sarkozy. Et ce via la création d’une «dizaine de campus d’excellence avec les moyens, la taille critique pour rivaliser avec les universités mondiales».


    La suite ici: http://www.liberation.fr/politiques/0101608463-sarkozy-nous-voulons-les-meilleures-universites-du-monde