• Les Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) étaient mobilisés lundi, à l'initiative de leurs directeurs, contre l'actuel projet gouvernemental de réforme de la formation des enseignants, via l'organisation de tables rondes et de conférences de presse.

    La "quasi-totalité" des 32 IUFM et de leurs quelque 130 sites organisaient des actions décentralisées, sous forme de campagnes d'information, notamment auprès de la presse locale, a-t-on appris auprès de la Conférence des directeurs d'IUFM (CDIUFM).
     
     
    A Bordeaux, quelque 200 étudiants et personnels de l'IUFM ont défilé contre "la mort de notre système de formation des maîtres". Une délégation a été reçue au conseil général de la Gironde et une autre s'est présentée devant des élus du conseil régional d'Aquitaine.
     
     
    Les manifestants ont remis symboliquement aux élus une sculpture faite à partir "de morceaux des ouvrages des grands auteurs de la pédagogie française" représentant "la mort de notre formation", a indiqué à l'AFP Pascal Grassétie, un professeur formateur.
     
     
    A Toulouse, une vingtaine d'enseignants du collectif "Enseigner est un métier qui s'apprend" se sont rassemblés une heure à la mi-journée sur la place du Capitole pour une distribution de tracts.
     
     
    "La réforme des IUFM, c'est la fin de la formation, remplacée par le recrutement d'enseignants qui prendront leur poste après une préparation académique à l'université, mais sans formation pédagogique, parfois même sans stage en situation scolaire concrète", a déclaré à l'AFP un enseignant en IUFM, Jean-François Grelier.


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  • Les étudiants craignent pour leur avenir. En cause ? L'article 30 de la loi relative à "l'orientation et à la formation professionnelle tout au long de la vie", en vigueur depuis le 26 novembre 2009, qui n'autorise désormais que les stages "intégrés à un cursus pédagogique". Exit donc les stages volontaires pendant les vacances scolaires ?

     
    A l'origine, l'objectif de la loi relative à "l'orientation et à la formation professionnelle tout au long de la vie" est clair: il s'agit de lutter contre les pratiques de certaines entreprises, qui préfèrent engager des stagiaires (à moindre coût), plutôt que d'embaucher.

    Pour limiter ces abus, une disposition de ce texte de 2009 a modifié la loi du 31 mars 2006 pour "l'égalité des chances" afin de n'autoriser dorénavant que les stages "intégrés à un cursus pédagogique". Reste à déterminer ce que signifient exactement les notions de "stage obligatoire" ou "facultatif", "intégré" ou "non intégré à un cursus pédagogique".

    Un décret doit venir prochainement combler les zones d'ombre. Une réunion interministérielle doit également avoir lieu le lundi 7 décembre à ce sujet, afin de clarifier la situation. Toutefois, en attendant, l'incertitude demeure, tant pour les étudiants que pour les services administratifs des universités et des instituts d'études supérieures.

  • Dix présidents d'université s'allient pour rappeler «que les universités de SHS ont des taux d'insertion professionnelle identiques à ceux des autres domaines, que l'investissement dans l'enseignement supérieur produit individuellement un différentiel de revenu sensible en faveur des diplômés, que les gisements d'emplois futurs se trouvent dans le secteur tertiaire et les services, que les formes de valorisation de la recherche varient d'un secteur à l'autre et qu'à ce titre les SHS contribuent aussi largement au prestige international de notre pays et à son attractivité...»

    Au-delà des slogans éphémères qui cachent souvent l'absence de véritable ambition, nous sommes tous convaincus que les universités de lettres et de sciences sociales ont un rôle clé à jouer dans le monde qui nous entoure et dans son évolution. Peu importe le nom qu'on lui donne, il est évident, et participe pleinement au caractère démocratique des sociétés modernes : démocratisation de l'accès à l'enseignement supérieur et accueil d'étudiants de première génération, dont les familles ne sont pas passées par l'Université, formation critique et à la critique sans laquelle il n'est pas de citoyenneté vivante, internationalisation des cursus étudiants et des perspectives de recherche, perpétuation de disciplines séculaires qui constituent des strates indispensables de l'architecture du savoir et invention de nouveaux objets qui ne prennent sens qu'avec les humanités et les sciences sociales (le développement durable, l'économie de la santé, les post-colonial studies, ...).

    Cette situation n'a rien de nouveau : depuis l'après-guerre, et surtout depuis la première grande démocratisation de l'enseignement supérieur au cours des années 1960, les universités de lettres et de sciences sociales se sont trouvées au centre des transformations mêmes du monde social. Pendant longtemps, ce sont bel et bien les universités, mais aussi des grandes écoles ou des institutions dédiées à la recherche, qui ont contribué à faire exister de nouvelles demandes sociales, de nouvelles attentes, de nouvelles exigences de justice. Ce fut notamment le cas, nous le savons tous, de la critique de la sélection scolaire et de ses effets de reproduction sociale, si favorables aux enfants issus des classes dominantes alors même que l'institution scolaire célébrait le mérite individuel, l'égalité supposée de tous, la promotion par l'école: cette préoccupation, ce souci de corriger les mécanismes invisibles qui ferment les filières d'excellence aux enfants socialement les plus démunis, ce désir de démocratiser enfin véritablement l'enseignement secondaire et supérieur qui s'imposent avec une force inédite à la fin des années soixante, ne sont pas séparables des avancées de la sociologie de l'éducation, qui fait, avec quelques grands livres, entrer ces questions dans le champ politique public.
    Ce constat pourrait être étendu à d'autres secteurs des SHS d'après-guerre, qu'il s'agisse des statistiques publiques ou des études démographiques : c'est bien souvent la logique de la recherche et de la pédagogie en SHS qui a fait exister telle ou telle question comme objet de préoccupation publique partagé, comme enjeu de société par exemple pour le vieillissement de la population, la désertification rurale et l'aménagement du territoire, ou encore la redistribution des richesses.


    La suite ici: http://www.mediapart.fr/club/edition/les-invites-de-mediapart/article/071209/pour-un-manifeste-des-sciences-humaines-et-soci 

  • La destruction de l'Éducation nationale est un travail de longue haleine. Difficile, les Français lui sont attachés et ont plus ou moins conscience qu'elle accueille l'excellence en son sein ; harassante, les lycéens et les enseignants (parfois aussi les parents d'élève) n'hésitent jamais à exprimer leur mécontentement et à manifester ; exaltante, à coup sûr, quand on pense à l'énergie déployée par les ministres, pensons aux deux derniers, pour masquer leur entreprise.

    Pour comprendre cette tentative qui consiste à désorganiser ce qui, bon an mal an, fonctionne bien, en particulier si on prend en considération les moyens alloués, la tentation est bien entendu grande d'en rester à l'économie, à la suppression de postes sur fond de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux. Après tout, l'heure est au gain de productivité comme le précise sans fausse pudeur le projet de loi de finances 2010. En un tour de passe-passe (la réforme de la formation des enseignants), l'allongement du temps d'enseignement pour les professeurs stagiaires, plusieurs milliers de postes disparaissent. Mais si l'on veut bien s'inscrire dans un temps plus long, toutes ces réformes témoignent d'un attachement à une entreprise beaucoup plus ambitieuse.

    Laissons de côté l'affaire bien connue du "rôle positif de la colonisation française" (article 4 de la loi du 23 février 2005). Trop explicite, cette injonction faite aux enseignants a simplement eu pour effet de révéler à tous ceux qui voulaient bien la voir la volonté des gouvernants d'instrumentaliser l'enseignement. Il a donc fallu en revenir au travail discret, aux commissions et autres enquêtes visant à démontrer l'inadaptation de l'Éducation Nationale.

    Habituée de la scène médiatique, et depuis longtemps, l'enseignement des sciences économiques et sociales a été particulièrement choyé. Les travaux de la commission Pochard ont du reste donné lieu à des déclarations méritant l'immortalité. Michel Rocard, membre de la dite commission, déclare ainsi (sic) : "Puisque apparemment cet enseignement est assez largement fait pour dégoûter les élèves de la libre entreprise, du marché, de l'entreprise elle-même et de pas mal d'horreurs. Tout ça qui est assez stupide et qui est un des constituants du blocage dans sa forme d'aujourd'hui". Il pointe de même un peu plus loin "le manque d'une dimension de compréhension réaliste de l'économie pratique". Réalisme, pragmatisme, bref, les faux nez habituels de l'idéologie.

  • Les directeurs des Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) appellent à "une journée nationale de mobilisation dans les IUFM" lundi 7 décembre, contre le projet de réforme de la formation des enseignants, qui serait confiée aux universités, avec un recrutement des professeurs au niveau master 2 (bac+5).

    Cette journée a été initiée jeudi par la Conférence des directeurs d'IUFM, sur le thème "Enseigner, un métier qui s'apprend". Débats et portes ouvertes sont prévus dans plus d'une centaine de sites IUFM.

    Le ministre de l'éducation nationale Luc Chatel et sa collègue de l'enseignement supérieur Valérie Pécresse ont annoncé le 13 novembre que les concours auraient lieu durant l'année de master 2, et seraient plus axés sur les disciplines que sur la pédagogie. Dans cette hypothèse, "les professeurs titulaires d'un master disciplinaire ou généraliste, et sélectionnés par un concours très peu professionnel, ne seront pas formés à la transmission des savoirs", ont jugé les directeurs d'IUFM. La journée de lundi entend donc dénoncer cette "régression", et émettre des propositions pour "une formation en alternance de qualité, universitaire et professionnalisante, et des concours qui prennent en compte les aspects pédagogiques et didactiques dès les épreuves d'admissibilité".

    Source: http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/12/07/les-iufm-mobilises-contre-la-reforme-de-la-formation-des-enseignants_1276879_3224.html